Ayant acheté par curiosité
au Marché du livre ancien et d'occasion
Georges Brassens, à Paris, Les Animaux
parlants, Poëme
héroï-comique de Casti, traduit de
l’italien en français par L.-J. Alary,
illustré de dessins par T. de Jolimont
(Moulins, Martial Place éditeur, 1847) —
l’édition originale parut en 1802 — je
m’aperçus en rentrant chez moi que le
livre qui proposait treize chants avait
une suite, un deuxième et dernier volume
lui aussi en treize
chants — que je n’ai pas cherché.
Pourquoi ? Je ne le sais plus, et
peu importe, d’autant plus que le
premier tome s’ouvrait sur une Notice
biographique et littéraire qui
permettait de situer les deux tomes des
Animaux parlants et
renseignait sur l’auteur, Jean-Baptiste
Casti (francisation de Giovanni Battista
Casti, le prénom sera écrit
par Apollinaire Giambattista).
Giovanni Battista Casti né
en 1724 (et non 1721 comme indiqué
dans la Notice de 1847) à
Acquapendente, dans l’Italie centrale,
mourut à Paris, le 5 février 1803.
Apollinaire le connaissait bien puisqu’il
en a donné une étude dans L’Œuvre
libertine des conteurs italiens, Première
partie Les Conteurs du XVIIIe
siècle (Bibliothèque
des Curieux, Collection Les Maîtres de
l’Amour, 1910) précédant sa publication
de la traduction en prose française des
Nouvelles galantes écrites en
vers par Giovanni Battista Casti sous le
titre « Nouvelles de l’Abbé Casti
Chanoine de Montefiascone »,
Montefiascone était une commune du
centre de l’Italie. Apollinaire fut de
ceux que le fait pour Casti d’avoir été
abbé, puis chanoine, n’avait rien de
choquant, comme le montre la conclusion
de son étude sur Casti :
« Railleur, plein de bonhomie, il
mérite d’être mieux connu ; conteur
plein de fraîcheur et de sensualité, sa
qualité d’ecclésiastique donne plus de
piquant au libertinage aimable de ses
contes ». Les Animaux
parlants est, pour le
fond, une satire virulente du monde
politique et des hommes politiques de la
fin du XVIIIe
siècle en France, transposée dans le
monde animal, ce qui autorise (presque)
toutes les critiques. Le Roi des
quadrupèdes, Le Lion,
est Louis XVI, le Chien
eut aimé être
roi, mais « n’osant
pas aspirer au poste de roi, il
s’était fait démagogue et le chef du
peuple » (p. 11). L'Éléphant,
le Tigre renvoient aux
républicains révolutionnaires français.
On propose ici une lecture
particulière des
Animaux parlants
qui demande l'oubli
de la réalité historique
et du texte pour
s’intéresser aux animaux du livre comme
à des personnages d’un ouvrage
satirique. Éclate
alors le miracle du livre
illustré, tout ce qui est écrit disparaît
et le lecteur ne fait plus que
voir et admirer les
portraits dessinés par le génial
Théodore de Jolimont (François-Gabriel-Théodore
Basset de Jolimont, 1787-1854).
À tout seigneur tout honneur, voici Casti,
placé en face de la page de titre :
Suivent dans le tableau
ci-dessous quelques personnages-animaux, une
présentation ici inaugurée par Le Chat,
Préfet de Police (en face
de la page 80).
Viennent ensuite, de gauche à droite,
Le Renard, premier
Ministre (en face de la
page 266), Le Rhinocéros, capitaine des Gardes (en face de la page 111), L'Aigle
reine des volatiles alliée de La Lionne
(en face de la page 391), Le Gratteur de
la Reine (en face de la page 88), La
Tigresse disgraciée de la cour
devenue chef des Révoltés
(en face de la page 354), Le Chien déchu
du ministère se réconcilie avec L'Éléphant
et conspire contre la Lionne (en face de
la page 292), Le Baudet, premier
Gentilhomme (en face de la page 99),
L'Éléphant, capitaine des Révoltés (en
face de la page 326).
Note. — Le fait que les noms et qualificatifs
de certains portraits soient parfois inclinés
appartient au livre — on le regrette.