ÉDITIONS PLEIN CHANT

(Les AMIS DE PLEIN CHANT)

AJOUTS

Novembre 2020

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Pensées d'un emballeur
par
Louis-Auguste Commerson

(Extraits)










Les Pensées d'un emballeur sont citées d’après le recueil Petite Encyclopédie bouffonne contenant les Pensées d’un emballeur, Les Éphémérides et le Dictionnaire du Tintamarre, etc., par Commerson (Paris, Passard, libraire-éditeur, 1860 [1859 en réalité]). L’auteur, Louis Auguste Commerson (1803-1879), s’était fait connaître en tant que directeur de l’hebdomadaire Le Tintamarre, né lui-même en 1843, après Le Tam-Tam, et sous-titré Critique de la réclame, Satire des puffistes.

L’édition originale parut sans date, sans doute en 1851, sous le titre Pensées d'un emballeur pour faire suite aux Maximes de Larochefoucauld, par Commerson (Martinon, libraire), avec une préface de Nadar. Suivra Mayonnaise d'Éphémérides et de Dictionnaire, assaisonnée par Joseph Citrouillard et retournée par les deux hommes d'état du Tintamarre. Ouvrage dédié à l’âge mûr et à l’impubère (Martinon, libraire, s.d.). Précisons que Joseph Citrouillard cachait à la fois Commerson et Eugène Vachette.

On adopterait volontiers le jugement de Philibert Audebrand : « On lit, on rit et l’on est charmé. On lit, on rit et l’on médite. On lit, on rit, et l’on se demande si l’auteur n’est pas le plus grand des philosophes passés, présents et futurs. On lit, on est charmé, on médite, on admire et l’on rit toujours. » (Un café de journalistes sous Napoléon III, E. Dentu, 1888, p. 339).



L'ail vient en gousse, la vigne en pousse ; la poule glousse, le rageur mousse ; la jeunesse pousse, le poitrinaire tousse, et l'éternité le pousse.



Le ventre de M. Véron a beaucoup de volume, mais l'éditeur Paulin en a bien davantage.

Un homme qui compte les pavés est un flâneur ; un homme qui compte les étoiles est un rêveur.


Orphée pinçait sa lyre, le sergent de ville pince les filous, le grinche pince les serrures, Rigolette pince le cancan, Rose-Pompon pince sa taille, une dévote pince les lèvres, et mon gros propriétaire pince… tout ce qu'il peut. Il me disait l'autre soir qu'il était plus facile de toucher du piano que le montant de ses loyers.

Aujourd'hui tout le monde pose :

L'homme propose, la femme dispose, l'industrie expose, le commerce pose, les consciences composent, et les grands hommes reposent.

Voici mon opinion sur la littérature française : sous Louis XIV, c'était de l'or ; au XVIIIe siècle, c'était de la dorure ; sous l'Empire et sous la Restauration, c'était de l’argenterie ; aujourd'hui, c'est du Ruolz. Nous marchons vers le maillechort.
Je préfère le vermicelle au vert de gris.



La lune est une vagabonde : elle ne fait que changer de quartier.

Le rossignol est un ténor qui possède la clef des chants.


Il y a différents genres de style oratoires comme il y a différents genres de broderies. Plaidoyers d'avocats, broderie au métier ; proclamations militaires, broderie au tambour ; discours académiques, broderie au plumetis.


Probablement j'irai l'été prochain à Bade ou à Vichy. — Je flotte entre deux eaux.

Les rats de la Bibliothèque royale ne se refusent rien ; ils vivent en rats qui ont quinze cent mille LIVRES à manger par an.

La civilisation est le rabot des sociétés.

J'épouserais plus volontiers une petite femme qu’une grande, par cette raison que de deux maux il faut choisir le moindre.

J'aime mieux l’asperge que la poésie de M. Ponsard ; au moins le vert est toujours bon.

Il y a beaucoup de gens poltrons parmi les pharmaciens. Pourtant j’en connais quelques-uns d’éther minés.
Il est plus difficile de garder son sérieux que les dindons.
Poison pour poison, je préfère l’art scénique à l’arsenic.

Si l’on construisait actuellement des villes, on les bâtirait à la campagne, l’air y serait plus sain.
La tête est à la science ce qu’est le bocal aux cornichons.


Une preuve que tous les hommes sont égaux, c’est qu’ils ont tous deux pieds quatre pouces.

Je lis plus facilement des vers de Corneille que je n’en pourrais manger une cuisse.
Je préfère porter des crêpes à ma bouche qu’à mon chapeau.

La réalité c’est le poisson ; la poésie en est l’asticot.

La ville où la guerre est impossible est celle de Troyes.




   
 
   

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