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Philibert Joseph
Leroux est
l’auteur d’un dictionnaire signé P. J. Leroux mais
portant une mention éditoriale fantaisiste :
Pampelune, et pourvu d’un interminable titre :
Dictionnaire
comique, satyrique, critique, burlesque, libre et
proverbial, Avec une explication très-fidelle de
toutes les manieres de parler burlesques, comiques,
libres, satyriques, critiques et proverbiales, qui
peuvent se rencontrer dans les meilleurs Auteurs, tant
anciens que modernes. Le tout pour faciliter aux étrangers et
aux François mêmes l'intelligence de toutes sortes de
livres.
De cet auteur très peu connu on sait qu’il
mourut à Bruxelles vers 1735, mais on ne connaît même
pas sa date de naissance. Son Dictionnaire, publié pour la première
fois en 1718 connut plusieurs éditions et la
dernière, parue de son vivant, éditée à Lyon chez
les héritiers de Beringos Fratres, à l’enseigne
d’Agrippa, datait de 1735. Elle sera suivie en 1786
d’une édition posthume — celle que nous avons
utilisée — en deux volumes, dite Nouvelle
édition revue, corrigée et considérablement
augmentée. Voici un court passage
de l’Avertissement :
Leroux cite nombre d’auteurs connus, mais il
exploite également la langue parlée de son temps ou
des vieux mots désuets, avec la mention v.l.
[vieille langue] auxquels il redonne vie.
Ce Dictionnaire, nous l’avons lu non comme un dictionnaire traditionnel mais en suivant le texte comme s’il s’agissait d’un — presque ! —roman ou, plus modestement, d’un récit. Nous en donnons plus loin deux extraits. Dans la mesure où les êtres humains sont composés par la nature d’un esprit et d’un corps, nous avons intitulé le premier de ces extraits « La tête » car il donne de nombreuses occurrences du mot tête dans le langage parlé ou écrit, contemporain ou ancien. Le second extrait, intitulé « Le corps », donne des mots et des phrases, eux aussi pris dans le présent ou le passé, mais relevant toujours du genre libre ou satyrique, autrement dit la sexualité.
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LA TÊTE
Tome II, pages 520-523. TÊTE. Il est comme le
bonnetier, il n'en fait qu'à sa tête. Se dit d’un entêté, d’un
opiniâtre. Ce
sont deux têtes en un bonnet. Signifie, que ce sont
deux bons amis, qui n’ont qu’une même volonté. Il
a la tête plus grosse que le poing, et si [et pourtant] elle
n’est pas enflée.
Se dit ironiquement de celui qui fait le malade.
Aller tête baissée.
Pour s’abandonner, aller sans considération,
témérairement, se jeter en furieux, en perdu et
désespéré. (SARRAZ. Dial.) [Jean-François
Sarrasin, 1614-1654. Dialogues]
Autant vaudroit se battre la tête contre un
mur. Pour dire,
prendre de la peine inutilement.
Il y va de cul et de tête, comme une corneille qui abat des noix. C’est-à-dire, qu’il s’y emploie de toute sa force. Grosse tête, peu de sens. Il a des chambres vuides à louer dans la tête, il a la tête à l’évent, ou, il a une tête de linotte. C’est-à-dire, qu’il est fou, qu’il a la tête légère, une tête sans cervelle, une tête verte, mal timbrée, démontée. Tête de fou ne blanchit jamais.
Je suis aussi étonné de cela que si les cornes me venoient à la tête. J'y mettrois ma tête, j’y donnerois ma tête, j'y gagerois ma tête à couper, et si [[et pourtant] la gageure d'un fou. Pour dire, que j’en suis bien assuré. La tête emporte le cul. C’est-à-dire, le plus fort emporte le plus foible. La tête donne bien du mal à ses pieds. Se dit d’un homme inquiet. Quand un vieillard est vigoureux, on dit qu’il est comme le porreau [poireau], qu’il a la tête blanche et la queue verte. Il est accoutumé à cela comme un chien d'aller nue tête.. On dit chez les jardiniers, que quand le diable voudroit replanter sa femme, il lui couperoit la tête. Parce qu’ils étêtent tout ce qu’ils transplantent. Pourquoi n'aura t-elle pas une tête ? une épingle en a bien une. Se dit d’une personne opiniâtre. Baisser la tête. Pour soumettre, obéir, bouquer [obliger quelqu’un à subir une humiliation, une contrainte] coucher comme un chien, ramper. Je ne fais autre chose que de vous obéir et de baisser la tête. (DOM QUI [CHOTTE], t. 2). Avoir la tête près du bonnet. Manière de parler, qui signifie n’endurer pas aisément, être prompt, brusque.
Avoir la tête chaude. Manière de parler,
qui signifie se mettre facilement en colère,
n’aimer guère à souffrir long-tems, prendre
aisément feu, être prompt à se fâcher, avoir la
tête près du bonnet.
Ma femme bien souvent a la tête un peu chaude. (Mol. Femm. sav.) [Molière, Les Femmes savantes]. Ne savoir où donner de la tête. Pour ne savoir en quel lieu aller, ne savoir que faire, qu’entreprendre, ne savoir où s’adresser ; aussi pour être désespéré, oisif, mal en ses affaires, ne savoir de quel bois faire flèche [au Moyen Âge, lorsque le chasseur n’avait plus de flèches il utilisait ce qu'il trouvait pour y parvenir]. (SARRAZ. Dial.) [Jean-François Sarrasin (1614-1654)]. |
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ACCOMMODER. Ce mot […] veut dire autant que
faire le déduit, ou avoir un démêlé amoureux avec
une femme. C’est un terme de débauche, qui est
aussi significatif que le gros mot de F…
AVEUGLE. Loger
l’aveugle. Pour
faire le déduit, l’action vénérienne. Pour
loger l’aveugle
on devient aveugle. (CHOL. Cont. [Contes de
Nicolas de Cholières])
BAISOTTER. Pour
baiser sans cesse, lécher le grouin, le
museau. Exprime aussi quelquefois l’action de
deux personnes qui s’entredonnent de petits
baisers ou coups de bec tendres et amoureux,
pour s’agacer l’un l’autre.ENCHOSER. Pour l’action d’un homme qui veut prendre ses ébats avec une femme, et qui lui met son membre dans sa nature, comme prélude du branle qu’ils veulent danser. Or si chose à la fin ne vous laisse
enchoser.
(Cabin. Sat. [Le Cabinet
satyrique ou Recueil parfaict des vers picquans et
gaillards de ce temps, première édition 1618])LE FAIRE. Pour le faire à une femme, la bricoler, se divertir avec elle, la baiser et lui donner du plaisir. Jamais le folâtre Aretin Ne le fit en tant de
postures. (Cab[inet] Sat[yrique]) FLANQUER. Pour donner, appliquer. Alors le bon-homme lui
flanque Certains baisers entre les
dents. (Cabin[et] Sat[yrique] FOUTRE. Mot sale
et indécent, qui n’est proféré d’ordinaire que par des
personnes mal élevées, par des brutaux, des polissons,
des libertins et des gens sans mœurs. Il signifie
faire le déduit, se réjouir avec une femme, lui courir
la poste sur le ventre. Ce mot pris substantivement,
veut dire le sperme, la semence, la liqueur qu’on
répand au jeu d’amour.
FRETILLARDEMENT. Pour gentiment, agréablement, parlant de baiser sur la bouche, ou sur le tetton. Ce mot signifie fretiller avec la langue. Suçotant
fretillardement, Dérobons-nous tout
doucement, Par un baiser, l’ame et la vie. (Parn. des Mus.) [Le Parnasse des Muses]. PIQUER. Pour donner le grand plaisir à une femme, en jouir. De vieilles bigornes, qui n’épargnent ni or, ni argent pour se faire piquer. (CHOLIERES, Cont. [Contes de Cholieres]). LE PETIT
PLAISIR. Pour le déduit, le
conjungo, le commerce criminel des femmes, la
guerre de Cypris, la petite joie, le plaisir
de la chair. Adroit à cheval,
amateur du jeu et du petit plaisir. (Luc. en belle
humeur) [Lucien en belle humeur ou
Nouvelles conversations des morts, Amsterdam, 1694].
Il me met entre les
jambes Son petit poinçon
gaillard. (Parn. des Mus.) [Le Parnasse
des Muses].
En même nid furent
pondre tous deux.
(LA FONTAINE, Contes.)
POSTE. Dans le sens
libre et de débauche de femme, ce mot signifie
coup, décharge, injection, lorsque l’homme
achève le plaisir qu’il prend avec une femme. Faire
une poste.
C’est, en terme de débauche, f… un coup.Gaillardement six
postes se sont faites, Six de bon compte.
(LA FONTAINE, Con. [Contes]) Voudrez-vous
bien passer vos jours A
faire le sardanapale ? (SCARON, Virg.[ile] trav.[esti]) TRAFIC. Le petit trafic. Signifie le métier d’une coureuse, d’une femme de mauvaise vie, vente ou débit de chair humaine. Faire le petit trafic. Signifie mener une mauvaise vie, vivre dans la débauche, faire métier et marchandies de trafiquer en femme. C’est le propre des maquerelles. (Cabin.[et] Satyr.[ique].) Qui peut faire palir le nôtre, Contre moi n’ayant
point d’appas, Vous m’en avez fait
voir un autre, Duquel je ne me
gardois pas. (Voit.[ure] Poés[ie].) |
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