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La
Fontaine allait répétant son indestructible
question « Avez-vous lu Baruch ? »
De nos jours a-t-on lu G. P.
PHILOMNESTE, B. A. V., auteur de Amusements
philologiques
ou variétés en tous genres, paru en 1808 ?
Le décryptage du nom d’auteur donne : Gabriel
Peignot
Philomneste, Bibliothécaire A Vesoul — il le fut
à partir de 1794 jusqu’en 1813. Pourquoi
Philomneste ? On rappelle que le
bibliographe et éditeur Gustave Brunet
(1807-1896) prendra, pour Les Fous
littéraires, Essai bibliographique
sur la littérature excentrique, les illuminés,
visionnaires, etc. (Bruxelles, 1880) le nom de
plume Philomneste Junior. Peut-être Philomneste
est-il le nom d’un auteur grec ancien oublié,
vraiment oublié — sauf par Gabriel Peignot, à
moins qu'il ne fût inventé par lui.
L’année 1824 verra une seconde
édition des Amusements philologiques, revue, corrigée et
augmentée dite, cette fois, « par
G. P. PHILOMNESTE,
A. B. A. V. [Ancien
Bibliothécaire A Vesoul] (Dijon et
Paris) », avec pour épigraphe « Hic
piscis est omnium » [ceci est un
poisson pour tous], en référence à plusieurs
ouvrages clandestins dont les Pensées
philosophiques de Diderot (1746) qui n'étaient
pas, eux,
le poisson de tout le monde. Suivra en 1842 une
troisième édition augmentée (Dijon, Paris,
Strasbourg), considérée la plus complète.
En 1841 paraissait Le Livre des
Singularités,
par G.P. Philomneste, Auteur des Amusements
philologiques (Dijon et Paris), avec cette
préface :
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Pour
toute Préface, ami lecteur, nous
vous dirons franchement que ce
livre de SINGULARITÉS
ou plutôt de sornettes, est un
ouvrage à part, un recueil
fantasque, sérieux, burlesque,
érudit, frivole, grave, amusant,
facétieux, admirable, piquant,
détestable, parfois instructif,
parfois ennuyeux, souvent décousu,
mais toujours varié ; c’est
déjà quelque chose. Au surplus,
désirez-vous savoir par le menu ce
qu’il renferme ? Continuez […]
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Avant et après ces deux livres, Gabriel
Peignot avait beaucoup publié. De sa bibliographie
on retient :
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Essai
de curiosités bibliographiques, 1804.
Mélanges littéraires,
philologiques et bibliographiques, 1818.
Recherches sur la
Danse des morts et sur l'origine des
cartes à jouer, 1826.
Essai historique sur la liberté d'écrire
chez les Anciens et au Moyen-âge
sur la liberté de la presse depuis le
quinzième siècle, et sur les moyens de
répression dont ces libertés ont été
l'objet dans tous les temps ; avec beaucoup
d'anecdotes et de notes […], 1832.
Predicatoriana ou
Révélations singulières et amusantes sur
les prédicateurs, entremêlées d'extraits
piquants des sermons bizarres, burlesques
et facétieux, prêchés tant en France qu'à
l'étranger, notamment dans les XVe,
XVIe et XVIIe
siècles, suivies de quelques mélanges
curieux, avec notes et tables,
1841.
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Jules
Simonnet donna en 1863 un Essai sur la vie et
les ouvrages de Gabriel Peignot où nous apprenons que
Gabriel Peignot, d’abord avocat comme son père,
devint directeur de l’école secondaire communale
de Vesoul, bibliothécaire du département et de
la ville, inspecteur de l’imprimerie et de la
librairie en 1813 à Dijon, en 1815 proviseur du
collège de Dijon, puis inspecteur des études de
l'Académie de Saône-et-Loire, membre de
l’Académie de Dijon, inspecteur de cette
Académie en 1821 dont il sera le président dix
ans plus tard. Retraité en 1838, il mourut en
1849. En un sens, peu importe la
carrière administrative de Gabriel Peignot car ne
pouvant s’empêcher de lire, d’écrire et de
publier, il se montra le plus fécond et surtout le
plus original des bibliographes.
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