Éditions PLEIN CHANT

APOSTILLES

  23 février 2017



 
   

             

Le rédacteur de « Une liasse d’autographes curieux » donnait à lire, au n° 15 (10 mars 1891) de la publication mensuelle d'Octave Uzanne, Le Livre moderne, Revue du Monde littéraire et des Bibliophiles contemporains, une lettre autographe de Raymond Brucker, annoncée un billet « d’une élégante expression d’esprit […] signé par le romancier auteur du Maçon et des Intimes à son éditeur alors à la mode et qui menait grand train ».


 
   

  



Raymond Brucker à l’éditeur Ladvocat.

Lundi, ce 8 avril 1833.

Mon très cher,

La nouvelle est faite : je suis en t’attendant. Apporte-moi la vignette et les écus, les écus et la vignette ; ce seront deux bonnes choses, bien reçues, ainsi que toi, illustre que tu es, tu as un alezan et un équipage : ma fierté de prolétaire serait au comble, si ton Aristocratie venait humilier ses armoiries de grand seigneur devant la grille de mon domicile de gueux. Je t’écris sur les onze heures, je ne pourrais pas trouver chez elle ta personne volage : j’ai un cul de plomb. Je t’attends sur ma chaise.

Adieu, si tu crois en Dieu : au plaisir de te voir !

Tout à toi,

BRUCKER.

[Note du rédacteur anonyme de Liasse d'autographes :] L’adresse de cette épître plaisante est ainsi libellée : À M. Ladvocat, en Europe, rue Chabanais, n° 6, la troisième porte à droite, par la rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris. Ouf !!!



 
Note.

Raymond Brucker (1800-1875), éventailliste puis brocheur, entra comme journaliste au Figaro et devint auteur. Quand il écrivait cette lettre, Raymond Brucker était l’auteur, avec Michel Masson, de La présence d’esprit, signée Michel Raymond, un pseudonyme composé de leurs deux prénoms. On peut lire la nouvelle dans Les Cent-et-une nouvelles nouvelles des Cent-et-un, ornées de cent-et-une vignettes, dessinées et gravées par cent-et-un artistes (Paris, Ladvocat, 1833), t. II, p. 177-221.
Raymond Brucker avait auparavant publié avec Michel Masson et sous le pseudonyme Michel Raymond, Le Maçon, mœurs populaires (Paris, Ambroise Dupont et Cie), daté de 1828, 4 volumes in-16, avec cette épigraphe signée Boiste (auteur d’un Dictionnaire universel de la langue française) : « Mais où commence le peuple ? N’y a-t-il pas du peuple dans toutes les classes ? BOISTE ». Une troisième édition augmentée, Le Maçon, avec le surtitre Mœurs populaires, parut en 1829 (Paris, Gosselin et Canel). « Écrit sur le peuple et pour le peuple, ce roman ne saurait passer inaperçu aux yeux d’une Critique qui aime à trouver la moralité et le bonheur du peuple dans toutes les préoccupations du Pouvoir » écrira Barbey d’Aurevilly dans Les Romanciers (Les Œuvres et les Hommes, 4e partie, Amyot, 1865).
Toujours sous le pseudonyme Michel Raymond, mais sans en parler à Michel Masson, Raymond Brucker avait publié en 1831 Les Intimes, par Michel Raymond, auteur du Maçon (Paris, Eugène Renduel), commencé avec Léon Gozlan, 2 volumes in-8. Une troisième édition en trois volumes paraîtra en 1834 (Paris, Librairie d’Eugène Renduel).







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