Jules
Renard rapporte en 1895 dans son Journal une rencontre
avec Zo d’Axa : « Je lui dis que
son livre fait aimer son caractère ».
En retour, Zo d’Axa, ironique, lui confie
que « il va en prison comme au
téléphone : quand on
l’appelle ». On en apprendra
davantage sur Zo d’Axa (Alphonse Gallaud
de son nom, né en 1864, mort en 1930) en
lisant Coulisses et Tréteaux Deuxième série,
par Victor Méric, sous-titré À
travers la jungle politique et littéraire et paru en
1931, Librairie Valois dans la collection
« Souvenirs et récits de notre
temps » d’où viennent les quelques
phrases reprises ci-dessous.
Qui
était Zo d’Axa ? On peut le définir —
essayer de le définir — par l’épigraphe
affichée dès le premier numéro de l’en dehors, hebdomadaire
publié du 5 mai 1891 au 19 février
1893 : « Celui que rien n’enrôle
et qu’une impulsive nature guide seule, le
passionnel complexe, le hors la loi, le
hors l’école, l’isolé chercheur
d’au-delà. »
Il y
aura ensuite La Feuille, éphémère
(vingt-cinq numéros, parus du 6 octobre au
28 mars 1899) : « Tout y passa.
Bagnes d’Afrique, policiers, magistrats,
tourmenteurs, politiciens, hommes de
finance, forbans de Bourse, traîne-sabres,
prêtraille de toutes confessions et de
toutes sacristies. Il n’épargnait rien. Sa
plume féroce s’exerçait contre toutes les
malfaisances et contre toutes les
ignominies. Et il ne pardonnait pas
davantage à la foule moutonnière, pétrie
dans la sottise, avide de servitude. Il
lui arrivait de s’attendrir, tout en
crispant ses poings, les ongles rentrés.
Alors il devenait poignant. Le cœur du
pamphlétaire débordait. »
Obligé
d’arrêter la publication de l’en dehors, Zo d’Axa avait
voyagé pour essayer de sortir d’un cercle
constitué par l’idée de l’anarchie et le
groupe des anarchistes où on avait cherché
à l’enfermer : « Lui, qui ne
croyait point aux promesses de la fée
Anarchie, n’avait pas bronché lorsqu’on
l’avait accusé d’être anarchiste. Se
défendre lui paraissait une lâcheté. Mais
des anarchistes le traitaient
d’aristocrate et — suprême
injure — d’intellectuel. »
Après
une vie d’itinérant, Zo d’Axa se cantonna
dans une ville, Paris, et à Paris, dans un
quartier, Montmartre : « Et il
montait vers Belleville, redescendait à la
Glacière, poussait vers Grenelle, rejoignait
la Butte… ».
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