Éditions  PLEIN CHANT
Bibliothèque facétieuse, libertine et merveilleuse

Pierre Corneille Blessebois : Le Rut ou la pudeur éteinte


Le rut ou la pudeur éteinte
Éditions Plein Chant, Bassac,  1995
Bibliothèque facétieuse, libertine & merveilleuse

Deux femmes et trois hommes dans un espace clos.
Arrive, pour le plus grand plaisir de tous, une troisième femme, Marille.


(pp. 73-75).


- Entre, Marille, interrompit Dorimène, et ne fais point la folichonne ;viens terminer un différend que Hïante et moi nous avons allumé entre ces Cupidons.
- Et qu'y a-t-il ? répondit Marille.
- C'est, poursuivit Dorimène, que Hïante et moi nous n'avons que deux cachots pour renfermer ces trois criminels que l'ordre et la raison veulent que l'on sépare.- Oh ! oh ! ajouta Marille, cela est plaisant, et je ne suis donc pas venue tout à fait mal à propos. Je suis ravie de pouvoir faire plaisir à Céladon, dès le premier coup que je le visite. Cet augure est parlant à mon avantage, et j'en conjecture bien.
- Votre belle humeur est charmante, interrompirent nos trois ribauds, et la manière obligeante dont vous offrez vos charmes est un nouvel appas qui doit engager celui qui vous méritera à surpasser ses forces.

Alors Dorimène s'alla pendre au cou de Céladon, de crainte que Marille ne la prévînt, et le poussant sur son lit, mit le monde à l'envers, c'est-à-dire qu'elle monta sur lui, où le mélange de leurs langues servit de prélude et fut quasi tout le chatouillement de leurs accolades. Poquet, qui n'était pas sot, jeta Marille sur le sien et chercha pendant quelque quart d'heure son pucelage sans le trouver, combien qu'elle jurât par sa foi que c'était là son premier coup, et que rien ne lui avait encore soufflé au cul que le vent.

Le Rocher se disposait à fringuer avec Hïante; il lui leva le cotillon et empoigna hardiment son histoire, mais il fut assez embarrassé, lorsqu'ayant voulu prendre un divertissement plus entier, il ne trouva point de place pour étendre sa maîtresse. Il n'y avait que deux lits dans la chambre, et Céladon et Poquet les occupaient. Ainsi, après avoir quelques moments promené sa proie, comme un loup qui mène une chèvre par sa barbe, ils se plantèrent sur les carreaux, et culetèrent à la façon des pauvres gens. Mais Le Rocher était si prodigieusement gros, qu'il avait toutes les peines du monde à mettre le Grand Turc dans Constantinople, et d'ailleurs Hïante recelait un poupon dans ses flancs, de manière que le donjon de son ventre était fort élevé et n'apportait pas un petit obstacle au mouvement de leur traquenard. Je crois qu'il faisait beau voir Le Rocher piquer en vieux Gaulois cette haquenée qui s'usait le croupion contre le pavé. Mais les allures de Hïante étaient trop vives; c'est pourquoi elle désarçonna cinq ou six fois son chevaucheur, et l'essouffla de telle manière qu'il fut nécessité de demander quartier. Elle fut sensiblement outragée à la connaissance de sa faiblesse, et vomit des injures et des imprécations effroyables contre lui. Mais les dieux qui s'en offensèrent la punirent incontinent; car Poquet qui, pour mieux enfoncer son flageolet, raidissait les gigots à l'allemande, contre un grand cabinet qui était au pied de son lit, lui donna une si terrible secousse, qu'il le renversa sur elle. Cette chute lui fut si fatale, qu'elle lui déroba la parole pour longtemps et la fit avorter sur la place. Ainsi la fête fut troublée et nos amoureux divertis de leurs ravissements, dont Céladon ne fut guère fâché, car son amour ne battait plus que d'une aile.


Le goût romain du baron de Samoi
chanté en prose et en poésie et de manière folâtre
 (pp. 137-138).

[…]

Le baron de Samoi ne perdit point de temps : il la jeta sur son lit, et chevaucha romainement. Elle voulut faire un peu de difficulté à recevoir cette nouvelle mode, mais quand elle eut vu que l'engin du sodomiste était si petit qu'il entrait tout seul, elle se rnit à chanter : « Courage ! courage ! courage ! »


Son v.. était un petit nain
De couleur un peu diaphane
Plus vaillant que celui d'un âne,
Et qui faisait à merveille un deuxain.
Quoiqu'il appartint à grand maitre,
Il se perdait dans son néant,
    Et lorsqu'il paraissait sur son meilleur séant,
À peine un c.. le voyait-il paraître.
Il était gai du soir jusqu'au matin,
Il était velu comme un faune,
De forme d'une épingle jaune,
Et la tête en pet de p.tain.



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