Charles Monselet La Lorgnette littéraire. Dictionnaire des grands et des petits auteurs de mon temps (Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1857), p. 71-72. |
Nous laissâmes un instant reposer la somnambule ; au bout de quelques minutes, l’interrogatoire recommença. — Renseignez-nous sur la profession de ce jeune homme, dîmes-nous. — Sa profession ! — Oui. — Il n’en a pas ; c’est un homme de lettres. — Mais encore ? — Il écrit de petits livres, répondit-elle avec impatience. — Quels sont ces livres ? — Dame ! je n’y comprends rien. — Est-il toujours chez Nadar ? — Non… il est maintenant sur le boulevard… il donne des poignées de main à tout le monde… Voilà trente poignées de main depuis cinq minutes. — Ensuite ? — Il prend un monsieur sous le bras… il lui montre des épreuves qu’il tire de sa poche… il lui lit les épreuves, et lui demande son avis… la figure du monsieur exprime l’embarras. — Continuez. — Il lit toujours… mais le monsieur s’esquive à la hauteur de la rue de Choiseul. — Après ? — Le jeune homme remet philosophiquement les épreuves dans sa poche et continue sa route… il entre dans le passage Jouffroy… il monte un escalier. — Où va-t-il ? — Chez un autre photographe. — Pourquoi faire ? — Pour faire encore son portrait. — C’est bien. Vous pouvez vous réveiller. |