On prendrait volontiers, si l'on se
limitait à la lecture de l'avant-propos, cet ouvrage
ironique pour argent comptant : la littérature
naturaliste est l'avenir de la littérature
naturaliste, Zola son prophète et d'ailleurs
les auteurs vont le prouver en donnant de courts
extraits de textes naturalistes, commentés. Mais peu à
peu, on comprend… |
Extrait
de l'avant-propos
pp. 7-10 |
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Extrait de la postface pp. 187-189 |
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Les écrivains naturalistes, ceux
qui ne veulent pas qu'on sorte de la réalité des faits
observés, peuvent nous fournir un type isolé, un
caractère, mais il sera toujours d'une infériorité
frappante sous le rapport littéraire et artistique,
pour ne rien dire du côté moral, à ceux créés par les
autres écrivains. L'Avare,
le Misanthrope, le Tartuffe, le Bourgeois
Gentilhomme, le Joueur, M. Poirier, et bien
d'autres encore, parmi les chefs-d'œuvre de l'art
dramatique ; le
père Grandet, le père Goriot, Vautrin, l'illustre
Gaudissart, Birotteau, la cousine Bette, Nucingen,
etc., etc., pour ne citer que les principales
créations de M. de Balzac, le fécond romancier invoqué
par les naturalistes comme leur maître et leur modèle,
existent-ils dans la nature tels que nous les ont
présentés les écrivains de génie qui les ont créés?
Evidemment, non. Et nous ne faisons que répéter une
vérité banale en rappelant qu'ils sont le produit de
l'imagination de leurs auteurs qui se sont plus à
attribuer à un seul personnage les diverses
manifestations d'un même caractère observées chez
plusieurs individus. Enlever à l'art la faculté
créatrice, le droit, et quelquefois le devoir, de
modifier, de corriger la nature pour l'embellir,
rendre ses productions plus vivantes et plus
frappantes, atténuer ce qu'elles ont de trop cru ou de
trop choquant, c'est nier l'art, limiter le génie,
rendre ses œuvres inférieures à la nature elle-même,
qu'il ne pourra jamais représenter dans sa vérité
absolue.
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