Éditions  PLEIN CHANT

Victor Hugo : Lettre à Charles Nodier

Correspondance croisée
de Victor Hugo & de Charles Nodier


Édition établie par Jacques-Remi Dahan.
Préface de Raymond Setbon.

ÉDITIONS PLEIN CHANT



Victor Hugo à  Ch. Nodier
(Paris) 14 février [1830]



  

Je l'ai lu, ton beau poëme !

Tes sept châteaux de Bohême ,
C'est un legs rare et suprême
Que tu tiens, en fils pieux,
D'Yorick, qui l'eut de son père
Rabelais, bâtard d'Homère
Lequel était fils des dieux.
C'est là, Nodier, ta famille.
Moi, j'édifie en Castille
Une bien frêle bastille
Que bientôt fera plier
Le peuple au front de bélier.
Mais qu' Hernani vive ou croule !
Qu'importe à tes sept donjons
Qu'en vain viendront battre en foule
Maintes aîles de pigeons !
Ils tiendront : leur garde est forte,
Ta gloire veille à leur porte.
Quoi donc ! Il me vient de toi
Ce livre charmant que j'aime !
Quoi ! sept châteaux en Bohême !
Don de poëte ou de roi !
En échange t'offrirai-je
Ma tour qu'un parterre assiège ?
Hélas ! pour tes sept châteaux
Qui du front de leurs côteaux
Se dressent sur la campagne,
Moi, dont Jodelle est l'aïeul,
Je ne t'en promets qu'un seul,
Encore est-il en Espagne !

Victor.


 
Ce dimanche 4 février.
  
 







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