Le banc vide
Regarder,
au fond du jardin, le banc vide où tu
avais l’habitude de t’asseoir, d’où, quand
tu m’apercevais, tu me faisais signe.
Alors qu’une lassitude avait déjà envahi
ton corps, toute la vie se rassemblait
encore dans l’acuité de ton regard.
La nuit descend
tandis que je pioche une terre plus noire,
plus lourde. Je voudrais soudain m’enfouir
dans la terre ouverte, abandonner mon
corps inerte au fond de cette saignée —
trop de fatigue —, l’y laisser choir, que
la vie s’en éloigne, qu’elle l’abandonne.
Qu’entre les mains de la terre qui se
referme, le corps se défasse. Des plantes
germeront dans mon ventre, poussant loin,
poussant fort leurs racines. L’air
toujours tremblera du chant d’un merle.