Éditions  PLEIN CHANT

La Font secrète, XXVIII

François Mary
Père
2018
Page 56



Le banc vide

Regarder, au fond du jardin, le banc vide où tu avais l’habitude de t’asseoir, d’où, quand tu m’apercevais, tu me faisais signe. Alors qu’une lassitude avait déjà envahi ton corps, toute la vie se rassemblait encore dans l’acuité de ton regard.
La nuit descend tandis que je pioche une terre plus noire, plus lourde. Je voudrais soudain m’enfouir dans la terre ouverte, abandonner mon corps inerte au fond de cette saignée — trop de fatigue —, l’y laisser choir, que la vie s’en éloigne, qu’elle l’abandonne. Qu’entre les mains de la terre qui se referme, le corps se défasse. Des plantes germeront dans mon ventre, poussant loin, poussant fort leurs racines. L’air toujours tremblera du chant d’un merle.





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