Bassac, Plein Chant, 2004
collection La tête reposée |
Quatrième de
couverture |
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Tout suriant, je conduis
mon luth..
Le langage commun est un leurre. Chacun raisonne avec ses propres mots. Croyant se comprendre, renonçant à s'aventurer au-delà des apparences, bien souvent on se compromet. Les mots sont comme les pierres qu'on soulève au jardin fleuri du dico pour livrer à l'enfant émerveillé des paysages inouïs peuplés de monstricules sidérants. Jarry le savait qui voulait que les mots fussent « polyèdres d'idées », carrefours de sens tout au long de la route des phrases. C'est ainsi au pays Giraudet : à peine a-t-on enfourché sa bésiclette qu'on se retrouve échappé bel, hors peloton, comme soûlé (vers où ?), chaotant d'un chemin de traverse à l'autre à la hucharde sur des pistes inconnues à panneaux truqués, tronqués, fuyants. Francis y fonce, avec tout son nécessaire de survie à lui serré dans sa valise à mots, sans faire de concession à la moulinette : mots consensuels et formules passe-partout, langue à la mode de bois et mots-valises, références obscures et coups de coude appuyés, homophonies diaphanes et calembours occultes, tout y passe. Le lecteur arrivera-t-il, et en quel état, au bout du conte ? Un bon coup de niohl dans le goulafon aidera sans doute à entrer dans une danse où les mots s'emmiellent. Et si ça tangue un peu, ça sera toujours ça de pris sur la m… Qu'on le sache et se le dise, voilà pour l’intrigue ! Quant à Francis, voici pour laper l'apéro son cévé en tarte de visite : Mil neuf
cent quarant’-sept né sous le signe d'Unda
Dans le Bordo Thödol qui le hua Dada Schibboleth et Schéol gargarisent sa hure Mais à Olonn'tout sec ore il pend sa pelure Et pèle sa pensure
Comme un zibou
38, rue des Recorderies
Base hylique..*
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* On aura remarqué les deux points, identiques à ceux du titre. Et précisons qu'il faut bien lire suriant, et non pas souriant (N.D.E). |