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Constant Malva.
Histoire de ma mère et de mon oncle Fernand Quand
il parut, au début de 1932, ce texte de Constant Malva eut
un sort qui d'entrée fut celui des meilleurs : il
passa inaperçu de la grande presse et fut d'emblée
recommandé par la petite. À quoi il faut ajouter que
l'enthousiasme de quelques-uns alla bien au-delà d'une
recommandation verbale à le lire.
Il
reste que nous sommes maintenant nombreux à garder notre
sentiment premier : c'est le texte le plus dépouillé
et le plus tragique dans toute la littérature ouvrière et
sociale, le premier en date où, sans autre souci que de
parler des siens, d'en porter témoignage, d'en dire ce que
l'intelligence et le cœur en suscitent, ce que la mémoire
en retient gravé, un homme de peine ouvrière consent à
nous faire part de sa difficile existence.
En la
relisant, ce que nous faisons, comme d'autres textes de
référence, nous retrouvons, chaque fois, le sentiment de
son exceptionnelle importance.
Il
contient des morceaux qui seront un jour
d’anthologie : la première descente dans la mine du
tout jeune rouleur de fond, l'apprentissage au métier de
piqueur payé à la tâche, la vie fourbue auprès du terril.
Et tout en travers de ces excès de la condition misérable,
la vie et la mort des gens de sous-terre, leurs dialogues,
leurs pensées, leurs sentiments mêlés pendant trois
générations successives.
La
lecture de cette longue tranche de vie humaine est facile,
rien n'y porte trace d'effort du narrateur. On pourrait,
de bon droit, dire de ce livre en marge de la littérature
acquise, qu'il a un style au plus haut degré. Il mérite
d'être lu, propagé, répandu.
Fernand Tourret
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