Et Pierre Fabre, lui
aussi, en a assez de cette boîte ! Ce
travail idiot d'abord… Il est ingénieur
électricien, il voudrait bien essayer d'exercer
son métier… Leurs wagonnets, leurs sacs de
ciment… Non ! Trouver autre chose !
Partir… Et ce travail ne durera pas
éternellement, et quand ça sera fini… Et puis,
il est complice et il voudrait bien ne plus
l'être…
Ailleurs, il sera encore complice… Partout, il
sera complice. Oui, mais il fera probablement
quelque chose d'utile… Des moteurs, par exemple.
« Ah ! songe-t-il, des moteurs qui
s'en iront sur les chantiers de la S.N.G.T.,
dans des fonderies de canons ou de plaques
blindées, dans des usines de… » Allons, il
pourra travailler dans une centrale…
« C'est ça, une centrale qui fournit le
courant aux chantiers de fortifications ou aux
usines de guerre, ou… » Quelle vie ! …
À ce point de la conversation qu'il a avec
lui-même, Pierre lance un violent coup de pied
dans le premier caillou qu'il rencontre… Nom de
Dieu ! … Puis une voix connue qui
souffle : « Ben, s'il fallait
réfléchir tant qu'ça… ».. C'est vrai, il
fait l'acrobate avec ses idées, il passe son
temps à chercher la petite bête… Plus moyen de
vivre, alors !
Ailleurs comme ici, oui, il sera complice.
Il faut être ce complice ou être un vagabond.
— C’est bon, va dans une usine ! Quelle
usine ? Aucune usine n’a besoin de lui.
Elles n’attendent pas Pierre Fabren ingénieur de
vingt-cinq ans, les usines ! Les hommes de
cinquante ans prennent la porte : ce n’est
pas pour faire de la place aux jeunes comme
lui !
Pierre Fabre hait. De toutes ses forces, il
hait.