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Vendredi 27
mai.
Il fait très chaud (environ
30° C), une chaleur orageuse. Notre chef, après
que l'autre équipe est partie, nous convoque dans le
bureau. Il nous entretient d'un grave incident qui a
eu lieu la veille. L'autre équipe du
« gros » a omis de mettre des chaînes de
sécurité sur la poutre. Avec le poids de la pièce,
la cornière a plié, risquant de céder, et c'est un
miracle que cela n'ait pas eu lieu (il nous montre
la photo, c'est spectaculaire). Il en profite pour
féliciter Stéphane, responsable de la poutre au
« gros » dans notre équipe, car cela
n'arrive jamais avec lui. Il faut dire qu'il met en
place de nombreuses chaînes de sécurité (en dessous
des pièces, mais aussi au-dessus des cornières où
sont accrochées les grosses pièces, garantissant la
solidité de l'accrochage).
Stéphane est très rigoureux
à ce niveau-là, au grand dam parfois de ses
collègues qui en chient à trimballer et à installer
de nombreuses chaînes. Celles du bas de la poutre,
ça va encore, mais ce sont surtout celles qu'il faut
mettre par-dessus la poutre qui sont pénibles. On
prend la chaîne à la main et on la jette de toutes
ses forces par-dessus la poutre pour ensuite la
fixer d'un côté, la tendre de l'autre côté et
l'enrouler solidement autour de la cornière.
Exercice parfois épuisant ! Ayant déjà
travaillé avec Stéphane, je partage son opinion, car
si une pièce ou une cornière lâche au bain de zinc
(chauffé entre 462 et 470° C), c'est la mort
assurée (ou d'affreuses brûlures) pour nos collègues
écrémeurs du bain. (J'ai vu et assisté à mes débuts
ici, à la fin des années 80, à des explosions de
pièces, à des chutes et à des projections de zinc,
j'ai vu des blessés, par de petites pièces
heureusement, je n'ose imaginer ce que cela pourrait
être si de grosses pièces tombaient dans le bain.)
Ce poste est très dangereux. D'autres gars dans les
autres équipes n'ont pas autant de scrupules.
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