Cornelia Doff –
Neel est un diminutif –, naquit en 1858 à
Buggenum, un village des Pays-Bas, d’une mère
hollandaise qui avait été dentellière, mais dut,
pense-t-on, se prostituer bien qu’elle fût mariée
et mère de neuf enfants. Neel connut donc une
enfance misérable, et resta tout aussi démunie
lorsque la famille passa en Belgique. Elle milita
en socialiste, épousa Fernand Brouez, éditeur en
chef de La Société nouvelle, qui mourut en 1900, et se
remaria à un avocat, Georges Sérigiers. Neel Doff
prit la plume sur le tard et son premier livre,
autobiographique, écrit en français, Jours
de famine et de détresse, parut en 1911. Laurent
Tailhade, qui l’avait rencontrée chez elle, à
Anvers, la fit connaître en France par l’entremise
de La Nouvelle Revue où il fit publier des
extraits du livre. On rapprochait en France Neel
Doff de Marguerite Audoux, qui avait reçu le prix
Femina en 1910 pour Marie-Claire : venues toutes deux du
peuple, elles étaient parvenues, toutes deux, à
faire entendre des « voix d’en bas ». Contes
farouches parut
en 1913 chez Ollendorf. Neel Doff continua à
écrire ; en 1974, Jean-Jacques Pauvert
republia Jours de famine et de détresse (qui donne son titre à
l’ouvrage), suivi de Keetje (1919) et de Keetje
trottin
(1921). Son dernier livre, Quitter tout cela, suivi de Au
jour le jour, parut en 1937. Elle mourut
le 14 juillet 1942, à Ixelles (Belgique).
Pascal Pia,
rendant compte de Jours de famine lors de la
nouvelle publication chez Pauvert, mettait
l'accent sur l'aptitude de Neel Doff « à ne voir les choses que
comme elles sont et à les représenter sur la toile
ou dans un livre sans s'attacher à les embellir ou
à les caricaturer pour les charger d'une finalité
morale » (Carrefour,
9 janvier 1975).