Enfant de la Butte
Montmartre, fils d'un Italien
socialiste, Louis Nazziroli, dit Louis Nazzi, fut le
parfait titi parisien qu'il décrivit avec tant de
bonheur dans plusieurs de ses contes, notamment dans
Gégène et Nini (1910)
et Tortillard
(1913), s'inscrivant ainsi, comme beaucoup
de romanciers du peuple au début de notre siècle – Charles‑Louis Philippe, Louis
Pergaud, Jules Renard, Henry Poulaille un peu plus
tard – parmi les chantres de
1'enfance populaire. Mais Nazzi fut avant tout
journaliste, ardent polémiste, défenseur
inconditionnel de la sincérité – titre qu'il donna à une
éphémère petite revue dont il assurait la rédaction
intégrale – , figure originale et pure
dans le monde trouble de la presse parisienne. Il
collabora aux Hommes
du jour, à La Bataille syndicaliste, à Gil Blas, au Bonnet rouge et
surtout à Comœdia
dont il assura longtemps la chronique théâtrale – chronique qui voisinait
avec les contes de Neel Doff. On lui doit en outre
des essais sur Daumier et Steinlen (1911) parus dans
les Portraits
d'hier. Admirateur de Jules Vallès, de
Marguerite Audoux, de Lucien Jean, entre autres et
pour ne citer que les écrivains de notre domaine,
disciple de Charles‑Louis Philippe, Louis Nazzi
ne put mener à son terme une œuvre pourtant riche de
promesses. Asthmatique, il mourut à 28 ans d'un
emphysème, le 20 novembre 1913, près de Pau. Il
laissait derrière lui cent projets et le souvenir
d'un jeune homme modeste, grand amoureux de la vie,
d'un ami dont l'influence diffuse fut reconnue par
beaucoup, tant de son vivant qu'après sa mort. Ses
œuvres n'ont pas été réunies en volume mais un choix
en a été donné par Henry Poulaille dans Plein
Chant n° 30, en 1976.
Edmond Thomas