LE CRITIQUE FLAMBOYANT
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Il y a de tout, des tableaux
d’église et des tueries, des Vénus et des
carnages, des tableaux anecdotiques, des
marines, des paysages, des portraits et des
ruissellements de cuirasses. Si vous aimez
le bleu, on en a mis partout ; c’est
une débauche de bleu et on aune idée
parfaite de l’Influence du bleu dans les
arts.
J’ai cru lire une page de Dante avec des
lunettes bleues. O bleu ! couleur de
la constance et des perruquiers ! Le
ciel, le paysage, les figures, c'est le
triomphe du bleu. S'il y avait eu un
dahlia, les horticulteurs auraient vu le dahlia
bleu.
Tout est
bleu, je vois bleu, je suis bleu !
Il fallait faire une œuvre à la
Rubens, une grande toile rouge comme une
fournaise : vingt mille cardinaux
entassés sur les gradins en amphithéâtre,
l'arène semblable à une mer de sang, les
lions roux et les tigres mouchetés déchirant
les chrétiens de leurs ongles d'or. Au fond
du tableau, l'incendie de Rome, le ciel
ensanglanté, et Néron, drapé dans la pourpre
des Césars, disant un chant d'Homère, aux
éblouissantes lueurs d'une arabescale fantasmagoriminosprifff !!!
Je vois
le Capitole se dresser dans les
flambescences crépitantes du feu, sous les
gerbes d'étincelles tourbillonnant comme
des nuées de mouches d'or sur le Tibre
phosphorescent, et Rome, sinistre et noir
symbole de l'éternité terrestre, les pieds
dans l'ombre et le front dans cette
apothéose, découpant les profils sévères
de ses colonnes, de ses temples, de ses
arcs, de ses dômes et de ses statues, au
milieu de l'éventail de flamme largement
déployé sur les profondeurs du ciel noir.
Il fallait des artificiers, et on a appelé
les pompiers. L'art n'a qu'un
drapeau : le drapeau rouge, qui est
le drapeau de Rubens, le peintre-roi, le
peintre-soleil, le peintre des longues trompettes !
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