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Rodolphe Darzens, né en 1865
près de Moscou, mort en 1938 à Paris, poète
symboliste ayant publié en 1885 La Nuit.
Premières poésies 1882-1884, puis,
en tant que prosateur, Nuits à Paris.
Notes sur une ville, illustrations par
A. Willette (E. Dentu, 1889), auteur d’une
édition de Rimbaud contestable et
contestée : Poésies complètes,
avec préface de Paul Verlaine et notes de
l'éditeur (Paris, Léon Vanier, 1895),
dirigeait à partir de 1917 le théâtre des
Arts, boulevard des Batignolles. Vers
1921-1922, il cherchait une pièce pour son
théâtre, quand René Saunier, auteur
dramatique et son voisin aux Batignolles lui
en proposa une, sur le bolchevisme, écrite
avec André Salmon — ce sera Natchalo
(le commencement, en russe) portant sur la
révolution d’octobre 1917 — mais non écrite
encore ! Saunier et Salmon se mettent
au travail et les spectateurs du Théâtre des
Arts purent assister le 7 avril 1922 à Natchalo,
Scènes de la révolution russe.
Darzens, du temps qu’il
occupait un petit pavillon à Neuilly,
assorti d’un étroit jardin orné de quelques
géraniums, écrivait André Salmon au chapitre
« Une étoile rouge au ciel des
Batignolles » de ses mémoires (Souvenirs
sans fin. 1903-1940, nouvelle édition,
Gallimard 2004, p. 834), « présenta en
diverses expositions internationales :
le Lait médical et la Carotte ferrugineuse.
Sans étable ni champ. Je veux ignorer d’où
mon cher vieux Darzens tirait ses carottes
réputées ferrugineuses ; quant au lait
[…] ». Le lait de Darzens, d’après
André Salmon renseigné par son ami, le
peintre Jean Crotti, habitant Neuilly et se
fournissant chez la meilleure crémière de la
commune, venait de chez cette crémière, qui
s’était glorifiée de fournir en lait
« Monsieur Darzens ».
Jean-Jacques Lefrère, dans Les
saisons littéraires de Rodolphe Darzens
(Fayard, 1998), contestera les propos
d’André Salmon, à ses yeux mémorialiste à ne
pas lire en toute confiance. Il semble
qu’André Salmon a connu la seule propriété
où s’était installé Darzens vers 1897, alors
qu’il en acheta une plus grande, en 1912,
boulevard de la Saussaye, comprenant une
écurie abritant des chèvres et quatre vaches
jersiaises (le nom de la race renvoie à
l’île de Jersey), donnant un lait riche en
matières grasses et en protéines. Citons
Lefrère : « Les Darzens [Rodolphe
et sa compagne Marie] consommaient à toute
heure du jour et de la nuit le lait caillé
de leurs vaches et vendaient l’excédent.
Cette alimentation lactée avait été
recommandée à Darzens pour prévenir une
rechute de la tuberculose » (p. 603).
Lefrère, pour sa part, trouve le « lait
médical » quelque peu mystérieux, mais
se montre sûr de lui en ce qui concerne les
carottes ferrugineuses, car il a trouvé le
compte-rendu d’une exposition agricole qui
en faisait état.
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