Éditions PLEIN CHANT

M a r g i n a l i a

  24 septembre 2017




LA BOÎTE À L'ESPRIT,

OU

LA BIBLIOTHÈQUE GÉNÉRALE
DES ANECDOTES
ET DES BONS-MOTS

Par une Société de Gens de Lettres
N° Ier


   

La Boîte à l'esprit parut à Paris, chez Favre, Libraire, An IX (1800), deux tomes en un volume,  sans nom d'auteur. Grâce à Quérard, on sait qu'il s'agit de Lallemand de Sancières, mais on n'en sait pas davantage. Si l'on présume que le nom fut un pseudonyme collectif, on est assuré (du moins croit-on pouvoir l'être) que le contenu sera varié car une liste, conçue comme un boniment, était donnée sur la page de titre :

Aventures. Anecdotes. Faits extraordinaires et intéressants. Rencontres touchantes, plaisantes et singulières. Méprises, Surprises, etc. Stratagèmes de guerre, d'amour, etc. Traits de génie, d'esprit, de caractère, etc. Espiègleries. Traits galants. Tours d'adresse, de force, etc. Notices historiques, économiques, biographiques, tragiques, et comiques, etc. Découvertes utiles et agréables. Recherches, Questions et Pensées ingénieuses. Saillies, Naïvetés. Reparties, et la totalité des Bons-Mots. 

Note. L'ouvrage étant une compilation, sans la moindre référence, le lecteur ne s'étonnera pas d'avoir déjà lu telle ou telle histoire.


Un ignorant se vantait d'avoir beaucoup voyagé :  Vous devez bien connaître la Géographie, lui dit quelqu'un : je n'y ai jamais été, répondit-il ; mais je dois en avoir approché de bien près.
(t. I, p. 50)

Un avare ayant rêvé une nuit, qu'il avait fait une dépense excessive, en conçut à son réveil une si grande tristesse, qu'il se pendit.

Un autre, pour ménager son encre, ne mettait jamais de points sur les i.

(t. I, p. 68)

Les Portugais ayant perdu une bataille, on trouva sur la place quatorze mille guitares.
(t. I, p. 122)


Un paysan qui avait un procès à Paris, fut obligé d'y venir pour implorer la protection d'un magistrat auprès duquel il avait eu accès, pendant que celui-ci était l'intendant de sa province. Le magistrat le reçut avec bonté, causa même avec lui, et lui demanda s'il y avait toujours beaucoup de fous dans le
pays : oui, monseigneur, lui répondit-il ; mais pas autant cependant que lorsque vous y étiez.
(t. II, p. 10)


Un grand seigneur voyant un paysan qui battait violemment son âne, fondit sur lui à grands coups de canne ; le paysan aussi-tôt après l'orage se retourna   fort poliment vers sa bête, et en lui ôtant son chapeau avec respect : je ne savais pas, lui dit-il, monsieur mon âne, que vous aviez de si bons amis à la cour.
(t. II, p. 11)

Un médecin ayant guéri un malade, et celui-ci ayant pris depuis le même remède sans aucun succès : Je n'en suis pas surpris, lui dit le médecin, ce n'est pas moi qui l'ai prescrit. En effet, les choses ne sont bonnes qu'à propos.
(t. II, p. 106)


Henri III pressant d'Aubigné d'écrire les annales de son
règne : je suis trop votre serviteur, sire, lui répondit-il, pour accepter cette proposition.
(t. II, p. 142)

Accueil | Nouveautés | Marginalia