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La Boîte à l'esprit parut
à Paris, chez Favre, Libraire, An IX (1800), deux tomes en un
volume, sans nom d'auteur. Grâce à Quérard, on
sait qu'il s'agit de Lallemand de Sancières, mais on
n'en sait pas davantage. Si l'on présume que le nom
fut un pseudonyme collectif, on est assuré (du moins
croit-on pouvoir l'être) que le contenu sera varié
car une liste, conçue comme un boniment, était
donnée sur la page de titre :
Aventures. Anecdotes.
Faits extraordinaires et intéressants.
Rencontres touchantes, plaisantes et
singulières. Méprises, Surprises, etc.
Stratagèmes de guerre, d'amour, etc.
Traits de génie, d'esprit, de caractère,
etc. Espiègleries. Traits galants. Tours
d'adresse, de force, etc. Notices
historiques, économiques, biographiques,
tragiques, et comiques, etc. Découvertes
utiles et agréables. Recherches, Questions
et Pensées ingénieuses. Saillies,
Naïvetés. Reparties, et la totalité des
Bons-Mots.
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Note. L'ouvrage étant une compilation, sans la moindre
référence, le lecteur ne s'étonnera pas d'avoir déjà
lu telle ou telle histoire.
Un ignorant se vantait d'avoir beaucoup
voyagé : Vous devez bien connaître
la Géographie, lui dit quelqu'un : je n'y
ai jamais été, répondit-il ; mais je dois
en avoir approché de bien près.
(t. I, p. 50)
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Un avare ayant rêvé une nuit, qu'il avait
fait une dépense excessive, en conçut à son
réveil une si grande tristesse, qu'il se
pendit.
Un autre, pour ménager son encre, ne mettait
jamais de points sur les i.
(t. I, p. 68)
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Les
Portugais ayant perdu une bataille, on
trouva sur la place quatorze mille
guitares.
(t. I, p. 122)
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Un
paysan qui avait un procès à Paris,
fut obligé d'y venir pour implorer la
protection d'un magistrat auprès duquel il
avait eu accès, pendant que celui-ci était
l'intendant de sa province. Le magistrat le
reçut avec bonté, causa même avec lui, et
lui demanda s'il y avait toujours beaucoup
de fous dans le pays :
oui, monseigneur, lui répondit-il ; mais
pas autant cependant que lorsque vous y
étiez.
(t. II, p. 10)
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Un
grand seigneur voyant un paysan qui
battait violemment son âne, fondit sur lui
à grands coups de canne ; le
paysan aussi-tôt après l'orage se retourna
fort poliment vers sa bête, et en
lui ôtant son chapeau avec respect : je
ne savais pas, lui dit-il, monsieur mon
âne, que vous aviez de si bons amis à la
cour.
(t. II, p. 11)
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Un médecin ayant
guéri un malade, et celui-ci ayant pris
depuis le même remède sans aucun succès : Je n'en
suis pas surpris, lui dit le médecin, ce
n'est pas moi qui l'ai prescrit. En effet,
les choses ne sont bonnes qu'à propos.
(t. II, p. 106)
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Henri III pressant d'Aubigné d'écrire les
annales de son règne :
je suis trop votre serviteur,
sire, lui répondit-il, pour accepter cette
proposition.
(t.
II, p. 142)
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