tombe
du premier étage de la Maison de la Radio, la tête la
première sur le trottoir. Il reste un temps indéterminé
dans le coma. Pour développer ce sujet, j’ai pris comme
option de tirer profit de tout ce qu’on a écrit sur ce
fait divers. C’était la seule possibilité pour moi de
permettre à chacun d’accéder à mon point de vue, à cette
délibération différente, voire contradictoire, de celle
formulée par des spécialistes bien informés. Pour
m’exprimer plus clairement, j’ai conjugué tout ce que
j’ai pu lire et entendre en le corrigeant à l’aide de ce
que l’on a omis volontairement ou involontairement de
préciser. L’explication que j’offre n’a pas la
prétention de combler toute l’opacité générée par
l’événement. Elle se propose uniquement d’éclaircir
certains malentendus. J’aborde donc avec délicatesse
certains des points litigieux du récit consacré. Le
lecteur se rendra compte que personne n’a matériellement
pu voir Prévert amorcer sa chute, qu’il n’y a aucun
témoin visuel à son arrivée au sol, que rien donc ne
confirme qu’il y soit arrivé tête la première. Enfin,
point plus délicat, rien ne prouve que le poète a
immédiatement perdu connaissance.
Ainsi s’exprime l’auteur
de ce livre à l’orée de sa minutieuse enquête au cours
de laquelle il révèle un secret détenu de longue date
et qui illumine une part obscure de cet événement.
C’est aussi pour lui l’occasion d’étudier en détail la
biographie d’un artiste oublié qui se trouve ici à la
croisée des destins, singulièrement celui de Prévert
et le sien: Kostia (Constantin) Nepokotchisky, dit
Prince Nepo (
1914-1976),
artiste multiple peu soucieux de gloire, tout à la
fois chorégraphe, décorateur et metteur en scène,
acteur, animateur de club à Saint-Germain-des-Prés,
guitariste, chanteur, dessinateur, peintre, proche de
maintes célébrités, tels Picasso ou Giacometti, et
compagnon d’Yvette Chauviré. Un prodigieux parcours
également présenté dans un autre ouvrage de Gérard
Gartner paraissant en même temps que celui-ci et
consacré à
Sept
plasticiens précurseurs tziganes. Dans tous
les cas, une approche non conventionnelle de l’art,
des milieux et des courants artistiques, une course
décapante après la vérité profonde des êtres et des
choses.