Léa l'amoureuse qui ne sort que par mauvais temps. Elle cherche l'amour, elle cherche ses proies, toujours par temps de pluie, sous les portes cochères. Les hommes ne résistent pas à son corps mouillé. Ils se disputent le privilège de réchauffer cet avatar de Vénus sortant des flots.

Mais tous les hommes que Léa possède feraient mieux de passer leur chemin. Dans la pénombre des alcôves d'occasion, elle les vampirise. Ils repartent délestés de leur bien le plus précieux: le désir. Après elle, ils ne connaissent plus l'amour. Ils errent ensuite dans la ville à la recherche de ce qu'ils ont été. Et quand deux se rencontrent, ils se disputent tant le souvenir de Léa qu'ils finissent par s'entre-tuer.

Pendant l’amour, quand l'eau ruisselle sur les murs, de ses ongles Léa perce la boîte crânienne de ses amants et leur vole leur cerveau reptilien. lls ne se doutent de rien, ils jouissent. Le sang qui gicle, ils croient que c'est la pluie.

Des centaines de bocaux remplis de gélatine, avec nom et date sur les étiquettes, surprennent le visiteur dans le musée personnel de Léa. Elle s'en sert comme appât pour agrandir sa collection. Tous les hommes veulent voir le subconscient de ceux qui les ont précédés dans les bras de Léa. Ils rient de voir leurs semblables réduits à de simples portions de mou. Un telle fin ne peut pas leur arriver. Ils disent tous ne jamais sortir quand il pleut. Pauvres cerveaux reptiliens repliés au fond de leurs si fragiles coquilles d'escargots.