Enfin
je lui demandai : « Et la
poésie ? » — « De mieux
en mieux, me répondit-il, je ne suis
pas trop mécontent. »
—« Comment va Zola ? »
— Peuh ! fit-il avec une moue qui
m'impressionna, il commence à être
bien démodé. » — « Et
Hugo ? » — « Un
burgrave. » — « Et
Coppée ? » — « Un
bourgeois ». Ces paroles, je ne
sais pourquoi, me consternèrent.
J'étais surpris et je le laissai voir.
J'avais tort, car Adoré s'en
aperçu[t] ; mais avec sa bonté
ordinaire : « Mon cher,
me dit-il, tu arrives de
province ; tu n'es pas à la
hauteur. Ne te désole pas, nous te
formerons. » — « Ainsi le Parnasse… »
— « Oh ! la vieille
histoire » — « La poésie
rustique… » — « Bonne pour
les Félibres ! » — « Et
le naturalisme ? » —
« Hum, hum ! Pas de rêve,
pas d'au-delà ; la serinette à
Trublot. » J’étais devenu
inquiet ; [s]ans réfléchir, je
m'écriai : « Mais enfin que
reste-t-il donc ? » Il me
regarda fixement et d'une voix grave
qui tremblait un peu, il
prononça : « Il reste le Symbole. »
Ces mots, je les comprends maintenant
ou, du moins, je crois les comprendre,
car il faut que je vous dise que je
n'en suis pas tout à fait sûr, mais
alors, c’était de l’Hébreu pour moi.
Adoré, sans doute, lut dans mes yeux
ma stupéfaction, et riant de son bon
rire de Lons-le-Saulnier :
« Bah, bah, me dit-il, ce n'est
pas si sorcier que tu te l'imagines.
Tout s'éclaircira bientôt, tu verras.
Et d'abord, ce soir, je t'emmène au
« Panier fleuri ! » Tu
entendras les Poètes. »
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