Les
yeux rouges d’un lapin blanc et le teint bleu des
personnes pâles, blond blanchi par l’âge et long
comme une asperge, horrifié par tout tabac de pipe
ou autre, les dents intactes soignées par un
dentiste avare, Erdna Reivalb, quel nom, hein, quel
nom ! abomine la vue des livres, et est à
lui-même sa chaste épure, avec ça confit en dévotion
chrétienne, sûr et certain que le paradis l’attend,
de plus l’époux d’Ettedo, quel prénom, hein, quel
fichu prénom ! qui est plus impatiente et
intempestive personne, Erdna Reivalb donc, personne
morne et comblée, compère d’arrière-garde,
sous-humain abominant la compagnie, sa maison
déserte l’année durant, hormis un quarteron de vieux
vieillards, jamais il ne touche une gouttelette
d’alcool, Erdna Reivalb, quel nom quand même !
son accent rappelle disait bien à tort je ne sais
plus qui celui de je ne sais quel poète, ça, Erdna
Reivalb est bien n’importe lequel entre les passants
du monde – oui, malgré le relief acariâtre d’un
caractère pointu.
[…] mon
ennemi vit […] ses contradictions pathétiques, étant
patéticicien – la ‘patéthitie énonce n’importe quoi
avec un aplomb folâtre –, et en même temps il se dit
patriote sic-wallon et affecte des opinions de la
droite raciste, misère de misère, mais comme je
disais Erdna Reivalb est n’importe quel passant du
petit monde, ah, j’allais oublier : il fait
fuir jusqu’au photographe de bonne volonté tant il
est laid-laid, alors je ne vous dis rien du
cinématographe, bref il est repoussant, les
personnes savent à quoi s’en tenir, pas étonnant que
sa maison soit vide d’amis, hormis un quarteron de
vieux vieillards cacochymes qui tous lui en veulent
à mort, d’ailleurs son air hautain défie
l’imagination d’entrer dans sa demeure (une fois,
tranquille comme Buster Keaton, il m’a expliqué que
les hommes sur la lune ne sont que trucages de
cinéastes). Alors détournez-vous de ses pas fétides
et allez en paix gens de la ville de Verviers,
autrefois vouée au textile et tout comme dit à la
fin du portrait d’André Blavier.
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