Revue PLEIN CHANT


Thierry Fournier

Dernier paragraphe de L'attrape science, Plein Chant, n°2, Mai-Juin 1981


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Cet été j'ai réappris à lire, j'ai désappris à lire en confectionnant des pages de livre hors de cette littérature dont voici la définition trouvée sur la couverture d'un magazine : littérature : 20 pages en supplément. Heures de colle. J'ai vu combien certains ont du mal à se défaire de l'avis des autres dans leurs jugements et n'arrivent jamais à prendre position tout au long de leur vie : chevelures à poux, misérables ludions ne pouvant même pas savourer les délices de l'errance. Alors, sachant pourquoi je ne l'avais jamais fait mais ne sachant pas pourquoi je le faisais, j'achetai un pinceau et de l'encre de Chine. Moi qui n'avais jamais délié mon corps ni mes mains dans une quelconque danse, ce moi qui n'avait jamais travaillé que 1'écriture, il s'engouffra loin des sujets et des verbes et des compléments et des compliments, remontant vers l'époque des cavernes, dans l'action de tracer des lignes et de former des taches. Sur un papier jaune pâle, un "peau d'âne", tracer une barque de pêcheurs sur les vagues. Tracer des brins d'herbe. Toit d'ardoises.



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