Revue PLEIN CHANT

 
Marcel      Martinet



Plein Chant, Cahiers poétiques, littéraires et champêtres, Printemps 1975, n° 26, p. 79.
Choisi parmi les poèmes inédits de Marcel Martinet,
voici  le septième poème de Premiers Chants de l'homme.




0 mon coeur de désir et d'ombre, dévoyé,
Déformé par la nuit, – dans la chambre assoupie
Où, pour soi-même obscur, mon seul rêve a veillé -
Cœur en révolte, esclave en fuite, je t'épie ;
 
Rage éternelle, ambitions, terreur de l'ombre,
Rôdant sur le silence en essaims d'ailes folles,
Voilà ce cœur sans gouvernail, ce cœur sans nombre
Et sans rythme, arraché au lien des paroles ;
 
Le nocturne désert de la cité, l'odeur
Qui vient des champs et de la mer et de la mort,
– Feras-tu pour toi seul de ta fiévreuse ardeur
Jaillir un continent pathétique et sans port ?
 
Non, non, je te suivrai, grande vie étrangère,
0 vérité de moi peut-être, j'appartiens
À tous ces inconnus dont je suis le repaire
Et tous ces inconnus vivants, ce sont les miens ;
 
 Et rien, je ne renonce rien ; c'est d'un amour
Sans partage qu' il faut s'aimer, celui qu 'on est…
– 0 compagnons tendus vers le jour qui renaît,
Renierez-vous ce cœur si multiple et si lourd,
Votre cœur plein d'amour et que nul ne connaît ?

 



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