Alfred de Musset sous toutes les coutures |
Pour commencer,
ci-dessous, Alfred de Musset dans Les Binettes
contemporaines, par Joseph Citrouillard, Revues
par Commerson pour faire concurrence à celles d'Eugène
(de Mirecourt, - Vosges).
Paris, Gustave Havard, 1858, pp. 39-52.
Ensuite,
Revue romantique,
une poésie posthume qui se trouve dans le recueil Sketches and Hints
de George Sand (collection Lovenjoul). Elle est
reproduite d'après les Poésies complètes
d'Alfred de Musset, édition de Maurice Allem (Paris,
Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1957), p.
522.
Puis la chanson de Mimi Pinson dans « Mademoiselle Mimi Pinson. Profil de grisette » (Le Diable à Paris, Paris, J. Hetzel, 1845, t. I, p. 338 et suiv.). Et enfin, un modeste aperçu de Gamiani ou deux nuits d'excès, avec deux lithographies de Devéria. |
On rappelle, aux éditions Plein Chant
: ALFRED DE MUSSET Lettres de Dupuis et Cotonet au directeur de la Revue des Deux-Mondes |
LES BINETTES CONTEMPORAINES |
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Alfred de Musset par Diolot, d'après
Nadar |
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Ce n'est qu'en tremblant que j'aborde la
portraiture d'un poëte illustre, dont les œuvres et la
vie furent mêlées d'absinthe — suisse. Je pourrais dire à mon tour, comme l’auteur des Contemporains : J’ai entrepris une rude
tâche ; les fibres contemporaines sont irritables,
les amours-propres extravagants, les
terreurs puériles, les récriminations insensées. Mais un
biographe est un juif errant littéraire à qui le monde
crie sans cesse : « Marche !
marche !… » Je ne m'arrêterai pas sur le seuil
du devoir :
À moi, Juvénal ! à moi, Plutarque ! à
moi, d'Assas !… Alfred de Musset entra dans le monde et dans les
estaminets à l’âge de seize ans, et fut l’ami intime du
duc d'Orléans. Ils burent à la même coupe et du cassis
dans le même collège et s'y nourrirent des mêmes
principes. C'est à tort qu’on a répandu le bruit que son
père avait acquis une fortune rapide dans les socques
articulés : il n'en est rien. Alfred est né dans l'opulence et à Vendôme, dans
l'Orléanais, d'une famille noble et écrivassière. Son
père lui avait appris à se servir d'adjectifs à
gants jaunes,
et à trépigner sur les métaphores dans son
langage envers ses domestiques. Il lui donna un maître de guitare ! Alfred,
en jouait aussi bien qu'Almaviva. Il ne lui manquait
plus que Rosine. Rosine se présenta à lui et à la guitare qui
l’avait charmée. Ils s'aimèrent quelques heures. Rosine lui
demanda le mariage avec instance, sur la lisière d'un
champ de navets ; Alfred lui répondit avec des
larmes dans la voix : Rosine, Le mariage est beau,
mais dans la perspective… Rosine, je serai ton mari, — par à peu près. La jeune fille sut se contenter de peu :
comme Jenny l'ouvrière, elle dansa le galop à quelques
jours de là avec un autre, à la Grande-Chaumière, et ne conserva
d'Alfred que l'initiale en prenant un Arthur. Ce fut alors qu'Alfred de Musset se révéla comme
poëte. Un autre que lui eût préféré se faire
marchand de liqueurs ; il se défiait de lui-même. À sa sortie du collège, il avait essayé diverses
études, la banque, la peinture, la médecine, le droit.
Mais tout n'est pas roses dans les sentiers qui mènent à
la Clinique et à l’École de droit. Une éducation
superficielle le rendait inhabile à n'importe quelle
carrière. Il essaya de tailler sa plume de poëte
par la publication d'une mauvaise brochure, intitulée l'Anglais,
mangeur d'opium.
Alfred avait de la
fortune. On oublia bientôt ce péché de plume ; on
jeta de la cendre dessus, et l'on fit bien ; car à
quelque temps de là, Alfred de Musset fit paraître les Contes
d'Espagne et d'Italie. Ce livre produisit dans le
monde littéraire l'effet d'un brillant météore. Le
succès de cette œuvre fit croire qu’il avait mangé sa
fortune, et que les vers de Molière
ne s'adressaient plus à lui. Attention ! Nous retrouvons Sainte-Beuve, photographe littéraire, nous faisant,
(sans collodion et sans retouches) un portrait d'Alfred de
Musset : « Alfred de Musset n’est qu'une pâle copie
d'une foule de poëtes, ses contemporains on ses prédécesseurs. M. de Musset a imité tour à tour
André Chénier, Victor Hugo, Shakespeare, Mathurin
Regnier, Mérimée et lord Byron. C'est un sculpteur
auquel le feu sacré manque et qui serait entré dans un
muséum pour en mutiler à l’aide d’un
marteau les plus belles statues, pour s'en faire une à
lui avec les débris épars des marbres renversés. »
Ouf !… Alfred de Musset lui
décoche ce simple trait :
Alfred de Musset est bien aise de répandre le
bruit qu’il ne fait usage que de petits verres. Personne
ne s’en doutait ; Sainte-Beuve n’a que ce qu’il
mérite. Notre poëte se souvient
d'avoir aimé Rosine qui l'a délaissé pour un autre
Arthur, et dans des vers pleins de chaleur et de
haine, il jette un cri de douleur suprême, une
mystérieuse souffrance.
Je m'arrête. Je ne veux pas dire avec Piron, de
M. Alfred de Musset, Je ne
jugerai plus les gens par leurs écrits. Mettons une feuille de vigne aux vers charmants
du poëte, et sortons de son alcôve. Qu'au rhythme
frénétique de la passion succède un chant suave et doux
qui repose le cœur. Alfred de Musset rêve qu'il voit
Rosine au milieu des sables embrasés du Sahara : Venise est la ville des sombres amours :
Alfred de Musset, après les élucubrations dont nous
venons de donner l'inventaire, s'envole vers la belle
Italie avec une des Muses de la Revue des Deux
Mondes, pour
y discuter à l’aise sur l’irrégularité des participes et l'inconstance des femmes. Ils passent deux ans à ne pas se
mettre d'accord sur ces deux substantifs. Alfred de Musset
revient en France pour insulter Voltaire et entrer à
l’Académie.
Les voyages déforment la jeunesse. Cependant,
avant d'entrer à l’Académie, Alfred croit prudent de se
débarrasser d'un oncle qui le gênait. Il lui tient ce
langage : - Dans trois jours nous célébrons ta fête, mon
oncle. Veux-tu que je te donne un bouquet ou une sous-préfecture ? Qui fut dit, fut fait. L'oncle embrasse son neveu
et part pour sous-préfecturer un chef-lieu d'arrondissement
dans les Vosges. Rien ne s'oppose plus à l’entrée d'Alfred dans le
corps des immortels, — à l'Académie, où il repose.
Dixit. |
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Musset se serait-il
inspiré, pour la description du duel (les vers de Don Paez
décrivent le duel à la fin duquel Don Paez tue Etur)
du Moïse sauvé de
Saint-Amant ? C'est ce que pensait Théophile Gautier (Saint-Amant, dans
Les Grotesques,
Plein Chant, p. 182). Don Paez vient de tuer
Etur en duel, et chez Saint-Amant, Moïse va tuer un
Égyptien, un païen, en combat singulier : (Moïse) |