Éditions PLEIN CHANT

Apostilles


2 août 2014

   


Henri Simon  Faure
ou
L’enfer du bibliographe mais le paradis des poètes

Portrait photographique de HSF. Oppède, avril 1979


  Pour l’heure – été 2014 – l'amateur de poésie insolite peut trouver chez Plein Chant trois paroles de vie (valent jeu) sept années d’écriture et fille désenlacée du serpent sous l’arbre de petite mort aux quatre-vingt-onze feuilles. On aura compris, en voyant ces deux titres que HSF refusait les lettres capitales, d’une part, et de l’autre, affectionnait les titres longs, hermétiques mais sollicitant une émotion immédiate. Ces livres de poésie, poétiques par la disposition typographique autant que par les mots et la sensibilité, ont paru dans les cahiers hsf, publiés par Edmond Thomas de janvier 1972 à septembre 1976.  Sur le groupe d'amis réunis à cette époque autour d'Edmond Thomas, on peut voir et lire un article de Didier Ard sur Fernand Tourret, http://www.robert-vigneau.fr/voix-vives/tourret/tourret.htm
On eut ainsi :

janvier 1972 cahiers hsf/1 : « bougre de lérot », organisé par Jean Paul Louis : études, poèmes, témoignages de Pierre Boujut, Pierre Chabert, Henri Simon Faure, Jean Laurent-Schwab, Jean Charles le Toullec, Jean Paul Louis, Edmond Thomas, Fernand Tourret

mai 1972 cahiers hsf/2 : que x 4 en catastrophe des sens poèmes. (Versions dernières en partie inédites) quelques villes étrangères fréquentées par voyages (écrit entre 1945 et 1952) ; plusieurs fables sans être de mon quartier (écrit entre 1947 et 1951) ; l’illicite amour (écrit entre 1950 et 1953) ; vise l’employé de bureau type (écrit en 1953).

février 1973 cahiers hsf/3 : âge ingrat pour mémoire poèmes (Versions dernières inédites) hors l’invitation d’entrer en transe (écrit entre 1943 et 1948) ; pour un éphéméride particulier (écrit entre 1944 et 1945) ; conscience avant-dernière absente (écrit entre 1947 et 1949) ; comme dans le vent d’une époque (écrit entre 1947 et 1949).

décembre 1973 hsf/4 : le boustrache sourd de la moustache du bougredocumentaire (écrit entre 1968 et 1972).

1975 cahiers hsf/5 : fille désenlacée du serpent sous l'arbre de petite mort aux quatre-vingt-onze feuilles poème (écrit entre 1967 et 1968), Plein Chant, Supplément à Plein Chant n° 25. Achevé d’imprimer le 15 décembre 1974 à Bassac (Charente) par Edmond Thomas. Il en a été tiré 300 exemplaires sur vélin vert. Quelques-uns d’entre eux ont été enrichis d’illustrations originales de Lell Boehm, laquelle a dessiné la vignette du titre. En outre, il a été tiré 19 exemplaires numérotés, ornés de 3 acryliques originaux de Lell Boehm.

1976 cahiers hsf/6 : trois paroles de vie (valent jeu) sept années d’écriture poèmes. Tiré à 300 exemplaires sur vélin alfa blanc et 20 exemplaires numérotés sur vergé ingres enrichis d’une gouache de Lell Boehm, d’un acrylic de JMP et d’une huile de Daniel Simonfaure. La vignette de couverture est de Françoise Faure. Supplément à Plein Chant n° 30.


Edmond Thomas avait déjà fait connaître HSF aux amateurs d’une poésie hors normes en 1971, avec flottage sur une civilisation d'eau tiède poème (Bassac, Plein Chant Numéro 2) et il récidivera en 1973, publiant parti pour batailler dur poème (Bassac, Plein Chant Numéro 17). Il collabore avec Jean Paul Louis, qui aura plus tard sa propre maison d’édition ; en 1971 ils lancent deux collections :
- « vers les bouvents », imprimé par Jean Paul Louis et Edmond Thomas, sous les presses de Plein Chant.


Les Bouvents – un terme choisi par Jean Paul Louis et Edmond Thomas – étaient un lieu-dit, dans les champs, situé vers la commune de Bassac.

- « le bougroir », une collection appartenant à Jean Paul Louis.



Le bougroir, mixte de bougre et de foutoir, avait été emprunté à HSF, qui avait publié ou publiera Le Bougre, fascicules d’écriture, et le

 
Des textes en prose écrits par HSF parurent à la fois, mais à des dates différentes, dans la collection « le bougroir » (collection en marge du Lérot rêveur), dans les cahiers hsf, dans « les Carnets de Zymase » (Edmond Thomas), Le Lérot rêveur (Jean Paul Louis), chez Plein chant, et dans la collection « vers les bouvents » (1971 et 1972). Une zymase : Ce terme de biochimie, créé vers 1860, formé à partir d’un mot grec signifiant levain, désigne une  « enzyme qui détermine la fermentation alcoolique du glucose » (Le Petit Robert 1). Le Littré cite un compte rendu de l'Académie des sciences disant que « Une zymase est toujours le produit de l’activité d’une cellule ou d’un groupe de cellules vivantes ». Vers 1961, Edmond Thomas faisait une revue dactylographiée à 3, 6 ou 9 exemplaires, tirée par trois avec des carbones, qui s'appelait Zymase. Jusqu’en 1966, il y en eut 19 ou 20 numéros, et parallèlement, des Carnets de Zymase, dont les derniers ont été ronéotés comme les premiers Plein Chant.
 
Dans « vers les bouvents » parurent, dus à HSF, en
1972 :
enleveur des bordes aux yeux machurés à quoi broges-tu, poème, 48 pages (vers les bouvents 7)
lauriers nobles au front d'orphelin(s) de muraille, poème, extrait de la revue de Jean Paul Louis, Le Lérot rêveur (vers les bouvents 10)
« bougre de lérot », paru simultanément dans les cahiers hsf/1 (voir plus haut).
En 1974, paraîtra : a v poème (vers les bouvents 25).

Un autre exemple de l’intérêt pour HSF commun à Edmond Thomas et Jean-Paul Louis : Henri Simon Faure faisait paraître des textes dans Le Cadran lunaire, édité à Saint-Étienne, la ville où il était né – en 1923. Le Cadran lunaire, de format in-4°, se présentait en feuilles et c’est là que parut pour la première fois, en 1955, au mouton pourrissant dans les ruines d'oppède, poème, tiré à 100 exemplaires, avec une eau-forte originale par Henri Landier. Oppède, ou Oppède-le-vieux, un village situé au pied du Lubéron,  à 25 kilomètres d'Apt, tenait lieu de résidence secondaire à HSF. Le poème sera publié en 1971, par Edmond Thomas, Cercle des jeunes auteurs, 69, rue Broca, Paris ΧΙΙΙe, collection « Les Carnets de Zymase 34 » : « au mouton pourrissant dans les ruines d’Oppède, poème, suivi de : Première lecture d'HSF, par Edmond Thomas » ; 2e tirage 1972. Le texte reparaîtra en 1983, publié par Jean Paul Louis, Du Lérot, éditeur, Tusson (Charente), Hors-Série n° 0 : au mouton pourrissant dans les ruines d'oppède poème, puis, toujours publié par Jean Paul Louis, suivi de Oppède ruelle du portalet et tournance sur un vieil escalier d’Oppède, dans la monumentale édition – une édition littéraire et non pas scientifique – de toutes (!) les œuvres d’Henri Simon Faure.

Vers 1978, Edmond Thomas et Jean Paul Louis, chacun d’eux éditeur-poète – ou poète-éditeur – suivront chacun sa voie, le second se faisant le spécialiste d’Henri Simon Faure.

Pour donner un avant-goût de la poésie d’Henri Simon Faure, quelques citations, en vrac :

  fille désenlacée du serpent sous l'arbre de petite mort aux quatre-vingt-onze feuilles, Supplément à Plein Chant 1975, p. 75.
 


Fragments de (et en marge de) la chose poétique, Plein Chant n° 39-40, automne-hiver 1978, Sur les chantiers de la poésie, p. 87.
« J’ajoute le mot "poème" après le titre de certains de mes écrits, c’est pour emmerder le prosateur qui gîte en moi. »



enleveur des bordes aux yeux machurés à quoi broges-tu ? verset 10, dans Mézigue ou le métèque du Panassa, du Lérot éditeur Tusson Charente, 1995, non paginé.



mains ligotées d'un chapelet alors ma plume, Trois paroles de viePlein Chant 1976, p. 96.

 

d'une incertaine vie publique, Le Lérot rêveur N° 3, Hiver 71-72, p. 12.






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