Éditions PLEIN CHANT
Apostilles



HOLBEIN

La Danse des morts

Les Éditions Amerbach - Bâle
1946

  
Plein Chant a donné en 1994 une réimpression de La Grande Danse Macabre des hommes et des femmes, suivie du Dict des trois mors et des trois vifz, du Débat du corps et de l'ame et de la Complainte de l'ame dampnée, et en 2014 L'Alphabet de la mort, illustré par les gravures sur bois des initiales de l'alphabet dessinées par Hans Holbein le Jeune. Voici une énième reproduction de La Danse des morts
, parue en 1946, dont la première version qui rassemblait des gravures d’après des dessins de Holbein le Jeune fut publiée à Lyon en 1538, imprimée par les frères Melchior et Caspar (Gaspard) Treschel.

À l'âge de dix-sept ans, – on est en 1515 – Holbein s’était établi à Bâle où il se mit à dessiner des illustrations, afin de répondre à la demande empressée des nombreux auteurs de livres de cette ville d’humanistes – et d’imprimeurs. Il fournissait les dessins, son graveur attitré, Hans Lützelburger, les gravait sur bois ; on eut ainsi une Bible avec des dessins de Hans Holbein gravés, qui sera reproduite à Lyon et ce que l'on appelait La Danse des morts, de Holbein le Jeune, avec des bois gravés par Hans Lützelburger, d'après des dessins de Hans Holbein.

Au début du XVIe siècle à Lyon, ville d’imprimeurs ouverts aux nouveautés comme ceux de Bâle, parut un recueil de représentations de la mort : Les simulachres & historiées faces de la mort, autant elegamment pourtraictes, que artificiellement imaginées, Lyon, Sous l’escu de Coloigne (Cologne). Cette édition de 1538 reproduisait


 
    De nombreuses éditions se succédèrent à Lyon, de 1538 à 1542, la plupart du temps remaniées. Les pages donnaient une courte citation de la Bible en latin ; au-dessous, la gravure de personnages hiérarchisés selon leur place dans la société. L’originalité de Holbein avait été d’associer chaque personnage à sa mort si bien que la Mort cessait d’être un squelette anonyme, identique pour chaque être humain, – elle était, paradoxalement, en conformité avec la vie menée par celui qui allait mourir. Sous la gravure, des vers en français, traduits de vers latins composés autrefois par Nicolas Bourbon (1503 ?-1550 ?), qui glosaient la phrase biblique citée.

L’une des éditions de la librairie Soubs l’escu de Coloigne fut reproduite, entre autres, par les Éditions Amerbach, Bâle, 1946.




    Les pages, de format 12 x 18 cm, non chiffrées, furent toutes réalisées selon le même schéma : en haut, une citation en latin de la Bible, symbolisée en image par la gravure sous la citation ; au-dessus de la gravure, en allemand, la fonction ou le métier exercé par celui qui va mourir – sans le savoir ; en bas de page et en petits caractères, le titre en français. Voici la page du Mercier (en allemand, der Krämer).



   Adam et Ève sont plusieurs fois présents, et dans « Le dernier jour », puis dans « Le jugement dernier », on voit des créatures terrestres anonymes ; tous les autres personnages sont typés. Vont défiler le Pape (Clément VII), représenté en compagnie du diable, l'Empereur (Maximilien Ier), le Roi (François Ier), le Cardinal, l'Impératrice, la Reine, l'Évêque, le Duc, l'Abbé, l'Abbesse, le Gentilhomme, le Chanoine, le Juge, l'Avocat, le Sénateur, le Frère prêcheur, le Prêtre, le Moine, la Religieuse, la Vieille femme, le Médecin, l'Astrologue, l'Homme riche, le Marchand, le Nautonier, le Chevalier, le Comte, le Vieillard, la Comtesse, la Dame noble, la Duchesse, le Mercier, le Laboureur, l'Enfant.

Dans d'autres éditions, les désignations des personnages peuvent changer ; le Duc est nommé Prince, l’Avocat Intercesseur, le Sénateur Conseiller, l’Homme riche Usurier. Les différences sont parfois plus grandes encore, ainsi la Duchesse devient Femme grosse ; la Comtesse Fiancée ou Épousée, la Dame noble l’Amoureux, etc. De plus, l'ordre d'apparition des personnages varie selon les éditions.
   La dernière page représente le Blason de la Mort, assorti de ce quatrain :


Si tu veulx vivre sans peché

Voy ceste imaige a tous propos,

Et point ne seras empesché

Quand tu t'en iras a repos.


Il développe la citation de l’Ecclésiaste, 7, en haut de page : « Memorare novissima, et in eternum non peccabis » (souviens-toi des fins dernières et tu ne pécheras point).



Détail de la mort propre à la Dame noble.




Quelques pages de l'édition de 1946





Adam et Ève chassés du Paradis







Le Duc







L'Abbesse





 

Le Gentilhomme







Le Moine






L'Enfant

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