Gustave Brunet a consacré à
Octave Delepierre, né à Bruges en 1802, mort à
Londres le 18 août (le 22, écrivait à tort Gustave
Brunet) 1879, un article nécrologique, « Octave
Delepierre. Notice sur sa vie et ses œuvres »
dans Le Livre
(Paris, A. Quantin, janvier 1880) – signalé dans
la bibliographie sélective de l’Histoire
littéraire des fous, rééditée cette année
avec d’autres écrits sur ce thème par Plein Chant.
On y apprend que le jeune Octave, élevé
selon les préceptes de Jean-Jacques Rousseau, ne
savait à douze ans ni lire ni écrire, ce qui ne
l’empêcha point, quelques années consacrées ensuite
à l’étude, d’entrer à l’université de droit de Gand,
puis d’être nommé conservateur des archives de la
Flandre occidentale. En 1844, grâce à Sylvain Van de
Weyer, belge comme lui, ministre plénipotentiaire de
Belgique à Londres qui l’avait emmené en Angleterre,
il finit par se retrouver consul général de Belgique
à Londres. Il produit de nombreux écrits de
bibliophilie, par exemple l’édition d’un recueil de
farces imprimé en France à l’époque de Rabelais, par
lui intitulé Description bibliographique et
analyse d'un livre unique qui se trouve au Musée
britannique,
par Tridace-Nafé- [et non Napé comme imprimé au
catalogue de la BnF] Théobrome, gentilhomme
breton, Au Meschacébé, chez El Eriarbil [anagramme
pour le libraire], 1849. Le Bulletin du
bibliophile en
donna un compte rendu.
« En 1852, Delepierre s'associa à un
bibliophile français avec lequel il n'a jamais cessé
de correspondre », rapporte le discret Gustave
Brunet qui tait le nom de l’ami – lui-même – tout en
signalant que « les deux amis firent paraître
ce qu'ils nommèrent, en réunissant les initiales de
leurs noms et prénoms, la
Bibliothèque-bibliophilo-facétieuse des frères
G.B.O.D. (lire Gébéodé) ; trois petits volumes
parurent ; ils furent, comme de raison, tirés à
petit nombre ». Gustave Brunet cite ensuite Macaronéana, par Delepierre, en
omettant l’accent aigu que l’on voyait sur la
couverture du volume, et en donnant à ce livre
« publié aux frais de G. Gancia, libraire, à
Brighton, Paris, 1852 » la date de 1853.
Suivront en 1855 une plaquette de 79 pages in-8°,
De la Littérature macaronique et de
quelques raretés bibliographiques de ce genre, et en 1862, Macaroneana
Andra
(Londres, N. Trübner et Cie).
Octave
Delepierre publie un Tableau de la
littérature du centon chez les anciens et chez les
modernes
(Londres, N. Trübner, 1874-1875), nouvelle édition
d’un plus court Centoniana. Gustave Brunet,
pressentant le besoin chez le lecteur du Livre d’avoir une définition
précise du centon, donne des détails :
« À toutes les époques et dans tous les
rangs, des écrivains souvent d'un rang distingué
s'étaient amusés à écrire des centons,
c'est-à-dire des pièces de vers ou de prose
composées de phrases rapportées et disposées de
manière à donner à ces lambeaux réunis un tout
autre sens que celui qu'elles avaient
primitivement ».
Octave Delepierre, secrétaire de la Philobiblon
Society (le mot grec philobiblon, littéralement qui aime
ce qui concerne les livres, désignait
les bibliophiles), avait publié dans les
Miscellanées de la société plusieurs fascicules
parmi lesquels on comptait un Essai
biographique sur l’histoire littéraire des fous de 135 pages in-4°
(1858), composé de trente-huit notices sur des
fous littéraires, anglais, français, allemands,
belges, espagnols, qui deviendra en 1860 l’Histoire
littéraire des fous, 181 pages petit in-8°
(Londres, Trübner & Co). Citant le livre
d’Octave Delepierre, Gustave Brunet ne put
s’empêcher de l'orner d'une
note : « On annonce comme prochaine la
publication à Bruxelles d'un travail sur les Fous
littéraires, destiné à rendre bien plus complet
l'Essai de Delepierre ». Traduction en
clair : moi, Gustave Brunet, je vais publier
à Bruxelles un autre livre sur les fous
littéraires. Et paraîtra en effet à Bruxelles, en
1880, chez Gay et Doucé, Les fous
littéraires, essai bibliographique sur la
littérature excentrique, les illuminés,
visionnaires, etc. par Philomneste junior
[pseudonyme de Gustave Brunet]. Fernand Drujon,
sous son pseudonyme de Philomneste Minimus en
donna un compte rendu que l’on peut lire dans
l’édition de Plein Chant, p. 286 et suivantes.
Gustave Brunet cite encore, par Delepierre, ce qu’il
appelle le Paradis et l’Enfer décrits par ceux
qui les ont vus,
qui désigne Le livre des visions, ou
L'enfer et le ciel décrits par ceux qui les ont
vus (Londres,
[1866]), mais il a dû arriver au nombre de pages
recommandé, si bien que la bibliographie d’Octave
Delepierre se fait allusive. L’amateur de
bibliographie pourra consulter une plaquette
rédigée en anglais, publiée par Nicolas Trübner,
le gendre de Delepierre – détail biographique
fourni par Brunet à la fin de son article –,
Joseph Octave Delepierre… In Memoriam, For
Friends only (Edimbourg et Londres, 1880), que
l’on trouve à l’adresse suivante :