Éditions PLEIN CHANT
Apostilles


6 septembre 2015

   

Octave Delepierre vu par Gustave Brunet


Photographie d'Octave Delepierre, dans Joseph Octave Delepierre… (Edimbourg et Londres, 1880).


Gustave Brunet a consacré à Octave Delepierre, né à Bruges en 1802, mort à Londres le 18 août (le 22, écrivait à tort Gustave Brunet) 1879, un article nécrologique, « Octave Delepierre. Notice sur sa vie et ses œuvres » dans Le Livre (Paris, A. Quantin, janvier 1880) – signalé dans la bibliographie sélective de l’Histoire littéraire des fous, rééditée cette année avec d’autres écrits sur ce thème par Plein Chant. On y apprend que le jeune Octave, élevé selon les préceptes de Jean-Jacques Rousseau, ne savait à douze ans ni lire ni écrire, ce qui ne l’empêcha point, quelques années consacrées ensuite à l’étude, d’entrer à l’université de droit de Gand, puis d’être nommé conservateur des archives de la Flandre occidentale. En 1844, grâce à Sylvain Van de Weyer, belge comme lui, ministre plénipotentiaire de Belgique à Londres qui l’avait emmené en Angleterre, il finit par se retrouver consul général de Belgique à Londres. Il produit de nombreux écrits de bibliophilie, par exemple l’édition d’un recueil de farces imprimé en France à l’époque de Rabelais, par lui intitulé Description bibliographique et analyse d'un livre unique qui se trouve au Musée britannique, par Tridace-Nafé- [et non Napé comme imprimé au catalogue de la BnF] Théobrome, gentilhomme breton, Au Meschacébé, chez El Eriarbil [anagramme pour le libraire], 1849. Le Bulletin du bibliophile en donna un compte rendu.
« En 1852, Delepierre s'associa à un bibliophile français avec lequel il n'a jamais cessé de correspondre », rapporte le discret Gustave Brunet qui tait le nom de l’ami – lui-même – tout en signalant que « les deux amis firent paraître ce qu'ils nommèrent, en réunissant les initiales de leurs noms et prénoms, la Bibliothèque-bibliophilo-facétieuse des frères G.B.O.D. (lire Gébéodé) ; trois petits volumes parurent ; ils furent, comme de raison, tirés à petit nombre ». Gustave Brunet cite ensuite Macaronéana, par Delepierre, en omettant l’accent aigu que l’on voyait sur la couverture du volume, et en donnant à ce livre « publié aux frais de G. Gancia, libraire, à Brighton, Paris, 1852 » la date de 1853. Suivront en 1855 une plaquette de 79 pages in-8°, De la Littérature macaronique et de quelques raretés bibliographiques de ce genre, et en 1862, Macaroneana Andra (Londres, N. Trübner et Cie). Octave Delepierre publie un Tableau de la littérature du centon chez les anciens et chez les modernes (Londres, N. Trübner, 1874-1875), nouvelle édition d’un plus court Centoniana. Gustave Brunet, pressentant le besoin chez le lecteur du Livre d’avoir une définition précise du centon, donne des détails : « À toutes les époques et dans tous les rangs, des écrivains souvent d'un rang distingué s'étaient amusés à écrire des centons, c'est-à-dire des pièces de vers ou de prose composées de phrases rapportées et disposées de manière à donner à ces lambeaux réunis un tout autre sens que celui qu'elles avaient primitivement ».
Octave Delepierre, secrétaire de la Philobiblon Society (le mot grec philobiblon, littéralement qui aime ce qui concerne les livres, désignait les bibliophiles), avait publié dans les Miscellanées de la société plusieurs fascicules parmi lesquels on comptait un Essai biographique sur l’histoire littéraire des fous de 135 pages in-4° (1858), composé de trente-huit notices sur des fous littéraires, anglais, français, allemands, belges, espagnols, qui deviendra en 1860 l’Histoire littéraire des fous, 181 pages petit in-8° (Londres, Trübner & Co). Citant le livre d’Octave Delepierre, Gustave Brunet ne put s’empêcher de l'orner d'une note : « On annonce comme prochaine la publication à Bruxelles d'un travail sur les Fous littéraires, destiné à rendre bien plus complet l'Essai de Delepierre ». Traduction en clair : moi, Gustave Brunet, je vais publier à Bruxelles un autre livre sur les fous littéraires. Et paraîtra en effet à Bruxelles, en 1880, chez Gay et Doucé, Les fous littéraires, essai bibliographique sur la littérature excentrique, les illuminés, visionnaires, etc. par Philomneste junior [pseudonyme de Gustave Brunet]. Fernand Drujon, sous son pseudonyme de Philomneste Minimus en donna un compte rendu que l’on peut lire dans l’édition de Plein Chant, p. 286 et suivantes.
Gustave Brunet cite encore, par Delepierre, ce qu’il appelle le Paradis et l’Enfer décrits par ceux qui les ont vus, qui désigne Le livre des visions, ou L'enfer et le ciel décrits par ceux qui les ont vus (Londres, [1866]), mais il a dû arriver au nombre de pages recommandé, si bien que la bibliographie d’Octave Delepierre se fait allusive. L’amateur de bibliographie pourra consulter une plaquette rédigée en anglais, publiée par Nicolas Trübner, le gendre de Delepierre – détail biographique fourni par Brunet à la fin de son article –, Joseph Octave Delepierre… In Memoriam, For Friends only (Edimbourg et Londres, 1880), que l’on trouve à l’adresse suivante :

https://archive.org/stream/josephoctavedele00trub#page/n0/mode/2up


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