Dans la Physiologie de la grisette, par
Louis Huart (Paris, Aubert et Cie, Lavigne,
s.d.), Vignettes de Gavarni, les lectures de la
grisette sont tout à fait différentes de celles
qu'énumère Monselet. Que l'on en juge, en lisant ce
passage extrait du chapitre VII,
« Opinions littéraires et politiques de la
grisette ».
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[…] elle peut se flatter de lire
très-couramment – dans les livres imprimés, bien entendu.
Aussi la grisette est-elle généralement d'une
certaine force sur tous les auteurs
contemporains ; et quand on lui demande qui elle
préfère de Victor Hugo ou de Lamartine, – elle
n'hésite pas à répondre : – Paul de
Kock !
L'auteur de Mon voisin Raymond est, aux
yeux de la grisette, le plus grand romancier des temps
modernes : il éclipse Eugène Sue, George Sand,
Frédéric Soulié et Balzac lui-même, – car la grisette
ne comprend la littérature que sous son point de vue
amusant, et rien ne l'amuse plus que les amourettes et
les gaudrioles. – Les romans vertueux à la Ducray-Duminil
n'ont pas le moindre succès auprès d'elle ; –
elle vous fait remarquer, dans ces ouvrages, qu'on
trouve une vertu par trop invraisemblable.
Elle vous dit ça avec beaucoup de sang-froid,
tout en laçant ses brodequins.
Aussi l'apparition d'un ouvrage de Paul de Kock
produit-il toujours le plus grand effet dans tous les
magasins de Paris ; et un jeune homme galant n'a
rien de mieux à faire que de procurer immédiatement à
la grisette qu'il courtise le roman nouveau de Paul de
Kock. – Elle s’empressera de le dévorer dans une seule
nuit, – le roman.
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