Éditions PLEIN CHANT

A p o s t i l l e s

 
13 mars 2016


Dans la Physiologie de la grisette, par Louis Huart (Paris, Aubert et Cie, Lavigne, s.d.), Vignettes de Gavarni, les lectures de la grisette sont tout à fait différentes de celles qu'énumère Monselet. Que l'on en juge, en lisant ce passage extrait du chapitre VII, « Opinions littéraires et politiques de la grisette ».


      

[…] elle peut se flatter de lire très-couramment – dans les livres imprimés, bien entendu.

Aussi la grisette est-elle généralement d'une certaine force sur tous les auteurs contemporains ; et quand on lui demande qui elle préfère de Victor Hugo ou de Lamartine, – elle n'hésite pas à répondre : – Paul de Kock !

L'auteur de Mon voisin Raymond est, aux yeux de la grisette, le plus grand romancier des temps modernes : il éclipse Eugène Sue, George Sand, Frédéric Soulié et Balzac lui-même, – car la grisette ne comprend la littérature que sous son point de vue amusant, et rien ne l'amuse plus que les amourettes et les gaudrioles. – Les romans vertueux à la Ducray-Duminil n'ont pas le moindre succès auprès d'elle ; – elle vous fait remarquer, dans ces ouvrages, qu'on trouve une vertu par trop invraisemblable.

Elle vous dit ça avec beaucoup de sang-froid, tout en laçant ses brodequins.

Aussi l'apparition d'un ouvrage de Paul de Kock produit-il toujours le plus grand effet dans tous les magasins de Paris ; et un jeune homme galant n'a rien de mieux à faire que de procurer immédiatement à la grisette qu'il courtise le roman nouveau de Paul de Kock. – Elle s’empressera de le dévorer dans une seule nuit, – le roman.




      

Retour à la page précédente