Éditions  PLEIN CHANT
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Claude Le Petit : Sonnet sur la mort de Chausson

      

    « Eh bien, mon pauvre ami, lui dis-je encore une fois, vous êtes un homme perdu, et j'ai grand'peur que vous n'ayez anticipé votre propre peinture, lorsque vous composâtes, il y a quelques mois, le sonnet de l'infâme Chausson (…). Chausson était un malheureux sodomite qui fut brûlé en Grève peu de mois avant que Le Petit, pour d'autres sujets, y subît le même sort. »


   Tel s'exprimait Jean Rou, un compagnon de Claude Le Petit, rapportant une conversation avec son ami (Mémoires inédits et opuscules de Jean Rou, 1638-1711,  publiés pour la Société de l'histoire du protestantisme français, d'après le manuscrit conservé aux archives de l'État à La Haye par Francis Waddington, Paris, Agence centrale de la société, 1857).

   Paul Lacroix, qui vient de citer Jean Rou, donne ensuite le sonnet sur la mort de Chausson (P.L. Jacob Bibliophile, Paris ridicule et burlesque au dix-septième siècle, Paris, A. Delahays, 1859, Avertissement de l'éditeur).

  


Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s'est immortalisée :
Jamais on n'expira de plus noble façon.

Il chanta d'un air gai la lugubre chanson,
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la paille embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.

Il chanta d'un air gai la lugubre chanson,
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la paille embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.

En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,  
Le crucifix en main, de songer à son âme :
Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,

En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme :
Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,

L'infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde ;
Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra, le vilain, son cul à tout le monde.




      

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