Éditions  PLEIN CHANT
Collection Gens singuliers



Francisque Michel
médiéviste bibliomane romantique


par
Didier Barrière






Œuvres de Didier Barrière

Plein Chant
Nodier l'homme du livre, Collection de l'Atelier furtif. 1989.

Aux Éditions des Cendres
Un correcteur fou à l'Imprimerie royale : Nicolas Cirier (1792-1869).1987.

Critiques de l’imprimerie par le docteur Néophobus. Textes de Charles Nodier  choisis et présentés par Didier Barrière. « Collection Technique ». 1989.

Le lecteur perpétuel [fiction]. 2007

Souvenirs brouillés du palais typographique. Photographies Olivier Doual. Textes Didier Barrière. 2010.

Aux Éditions de l'Arbre vengeur

Aux abords du fantastique. Trois espèces de récits. Textes choisis et présentés par Didier Barrière. 2013.



Didier Barrière, puis Francisque Michel


Didier Barrière, ou l'anti-Francisque Michel… Il a décortiqué avec finesse et alacrité le bibliomane romantique, spécialiste des textes médiévaux, né en 1809, actif dès vingt ans, mort en 1887. Et sur tous deux, le critique et le personnage, plane l'ombre de Nodier, d'un côté l'ami entre guillemets d'un Francisque Michel qui à défaut de l'égaler cherche à l'imiter, de l'autre, l'objet de plusieurs études d'un Didier Barrière en totale harmonie avec lui. En quatre-vingts pages environ, dont on se voudrait de sauter une ligne tant on est pris au piège par le style de l'auteur, Didier Barrière, gardant une distance ironique mais jamais acerbe avec son cobaye, trace le portrait d'un bibliomane obsessionnel, toujours affairé, grognon et tatillon, accumulant les voyages à l'étranger et les détails de toutes sortes sans parvenir à une vue d'ensemble, échouant à s'insérer dans une famille intellectuelle précise – surtout pas celle des universitaires –, chercheur non reconnu par ses pairs et auteur sans œuvre de poids. Chercheur lui-même, Didier Barrière fait suivre son portrait d'une bibliographie, mais étant donné la personnalité brouillonne  et l’inlassable mais lassante activité de Francisque Michel, elle se réduit à celle des études à lui consacrées. Puis viennent des textes de Francisque Michel présentés par Didier Barrière :
Le cornement des cornars (1831) ; une lettre de 1835 au ministre de l’Instruction Publique sur l’édition des manuscrits médiévaux ; une dissertation manuscrite pour l’examen de licence de la faculté de Bordeaux en 1842 ; un extrait de la préface non signée pour Le Romancero du Pays basque (1859), intitulée par Didier Barrière « Autoportrait de l’érudit en romancier refoulé » ; un article de 1864 sur le Musée britannique ; une bibliographie, mais rédigée par Francisque Michel en 1873,  – au grand soulagement des critiques à venir – néanmoins ici complétée par sept titres. Le tout entremêlé d’illustrations bien venues, destinées à aérer un ensemble qui sans elles serait apparu trop compact.

Ci-dessous, un extrait de la préface anonyme  pour Le Romancero du Pays basque
due à Francisque Michel.
 

Le vraisemblable n'ayant jamais besoin d'être vrai, il suit presque nécessairement qu'en ce monde il n'y a de vrai que ce qui n'est pas vraisemblable: vous devez donc croire à l'authenticité de la petite histoire que nous don­nons comme préface à ces compositions littéraires, dont le lecteur ne peut manquer d'être charmé comme nous-même.

C'était un beau dimanche, seul jour de la semaine où il soit permis à quelques rares familiers de pénétrer dans le cabinet de l'auteur ou du traducteur, comme il vous plaira. Après toutes les précautions les plus minutieuses pour ne pas déranger, ici les feuilles manuscrites d'un volumineux ouvrage historique dont la France et la Grande-Bretagne ne tarderont pas à s'entretenir ; là, les épreuves d'un monument religieux restitué dans son texte primitif par de savantes recherches ; plus loin, la pile de livres précieux dont un exemplaire ferait l'envie et l'orgueil d'une bibliothèque publique ; sur une chaise, des autographes capables de tenter la cupidité d'un honnête homme ; dans une corbeille, des lettres qu'on regrette de ne pouvoir emporter pour se faire aux frais d'autrui une réputation de feuilletoniste très-spirituel, j'avais fini par me frayer, à travers le dédale, une petite voie, et par trouver, près d'un carton entr'ouvert, une place dont on voulait bien m’accorder la possession pour un quart d’heure.

Ce livre attrayant de Romancero du Pays Basque excita ma curiosité. Profitant du calme où me laissait la préoccupation du Maître, absorbé par quelque vieille chronique anglo-normande, je dévorai seize petits cahiers, dont chacun contenait une des nouvelles fraîches et poétiques que vous pouvez connaître aujourd’hui, grâce à mon heureuse indiscrétion.





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