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Deux volumes ne suffisent
certainement pas pour faire connaître tous les
Oubliés et tous les Dédaignés de la fin du
dix-huitième siècle. Nous aurions dû montrer
encore :
CHEVRIER,
arrivant à travers le scandale au vrai ton de la
satire, dans le Colporteur ;
LE MARQUIS DE
LUCHET, un voyageur, un illuminé,
l'auteur du Vicomte de Barjac et d'Olinde,
deux petits livres que Chauderlos de Laclos aurait
apostillés, sinon signés ;
DU LAURENS,
le terrible jésuite, rimant Le Balai, et
riant de ce rire abominable qui est au rire de
Voltaire ce que Le Compère Mathieu est à Candide ;
LE SUIRE,
un romancier qui a écrit un roman inouï, plein de
réalités et de chimères, une merveille, un
cauchemar, une mine : L'Aventurier français ;
DELISLE DE SALES,
l'auteur de Ma République et du Mémoire
en faveur de Dieu, l'homme qui dédiait la Philosophie
de la Nature à sa femme Palmyre et qui
terminait sa dédicace par cette exclamation :
« Honorons Dieu et adorons
Palmyre ! »
NOUGARET,
l'esprit et le mouvement dans la fange, l'auteur
favori de Nicolet et d'Audinot ;
SYLVAIN MARÉCHAL,
un berger devenu loup, le dramaturge féroce du Jugement
dernier des Rois, le bibliothécaire
érudit ;
Puis encore, tout-à-fait
dans le fond du tableau, LOAISEL DE TRÉOGATE,
gibier d'hôpital, auteur de Dolbreuse ou l'Homme
du siècle ; DUCRAY-DUMINIL,
qu'on ne lit plus et qu'on réédite toujours ;
GUILLEMAIN, un beau talent comique
flétri par la misère, etc., etc. ; bien
d'autres encore, que nous avons étudiés et dont les
œuvres garnissent les rayons de notre bibliothèque.
Nos notes sont prêtes. Est-ce à dire que nous ne les
publierons pas un jour ou l'autre ? Les humbles
destinées de ce livre en décideront.
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