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Dans le train-fantôme des mots il est chaudement recommandé de se pencher par la fenêtre pour pouvoir avaler goulûment tous les autres trains-fantômes qui filent sur d'autres voies. Louper un roman de gare
n'est pas louper sa correspondance.
Chien de livre n'aboie que lorsqu'il est écrasé. Un livre vivant se reconnaît à ce qu'on peut voir danser en dents de scie l'électro-cardiogramme de son écriture. À trop lire on se perd dans le reflet des vitres de la bibliothèque de Tournefeuille. Mais, attention, danger, dans ces mots-là erre le regard qui vole le regard qui rêve. On aurait tort de prendre le
livre pour une partition et son lecteur pour un
interprète. En vérité, le lecteur est un imbécile qui ne
connaît rien à la musique et qui regarde à l'intérieur
d'une clarinette sans savoir qu'elle est chargée.
Quand l'écrivain annonce qu'il connaît une bonne portion d'autoroute pour faire un bout de chemin ensemble, c'est le moment d'aller feuilleter les herbes et les cailloux sur les bas-côtés. Une lecture du vent dans l'arbre de l'autre côté de la vitre. Un lecteur qui souffle sur un livre ardu. Le pont des mots permet de les associer et de les mélanger. En peu de temps, le lecteur est dans l'arbre et le vent balaie les complications. |
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