Dans ce premier numéro, "L'influence du Chat
Noir". « On peut à présent parler du Chat Noir en
toute liberté. Salis est mort et son cabaret a
disparu. » Et Louis Morin se souvient de ceux qui
firent la gloire du cabaret : de Willette qui « lui
donna sa poésie symbolique et sa verve
malicieuse », de Caran d’Ache et sa drôlerie, de
l’allègre sens des réalités manifesté par Steinlen, d’Auriol
et de son goût décoratif, de Vaucaire, de Maurice
Donnay (il sera académicien sept ans plus tard), de la
gaieté de rapin affichée par Alphonse Allais. Comment
tous les nommer ?
« Mais tout l’art du Chat Noir, — et
c’est là sa gloire, —fut créé d’enthousiasme,
d’entrain, du premier jet, sans gêne, sns retenue,
sans désir de ménager quelqu’un ou d’imiter quelque
chose, avec la fantaisiste liberté que l’on peut
avoir dans un atelier d’artiste. Car le théâtre du
Chat Noir ne fut jamais qu’un atelier. (…) On osait au Chat
Noir ce qu’on h’eût pas osé ailleurs (…) Et c’est
pour cela que depuis dix ans, délaissant les
grands théâtres, les gens du monde vont passer
leurs soirées à Montmartre. »
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