George Auriol (1863-1938) a été
autour des années 1900 le grand rénovateur de la
typographie française, une sorte de Guimard, de Gallé,
de Majorelle du Livre, donnant à celui-ci, à travers la
création de caractères d'imprimerie, d'ornements
multiples et combinatoires, de maquettes de collections
et de reliures, notamment pour Larousse, le cachet “art
nouveau” qui allait caractériser toute la production
imprimée durant un bon quart de siècle. Mais c'était
aussi un joyeux conteur de la fine équipe du Chat Noir
de Rodolphe Salis, un proche d'Alphonse Allais tant par
le cœur que par la plume. François Caradec a rassemblé
ici un large choix d'éléments variés de ces différents
domaines pour nous restituer un vivant portrait de cet
oublié de l'histoire de l'art et de la littérature.
« Ah ! celui-là, si la postérité ne lui fait
pas un sort, elle sera plus coupable que nous, car,
nous, nous avions une excuse : Auriol était
tellement modeste ! Il parlait si peu de lui !
Dieu sait pourtant qu'il parlait, mais il ne parlait que
des livres des autres… Pour la publicité orale qu'il
faisait aux livres, les éditeurs auraient dû l'inscrire
sur leurs listes de presse. Quel brave type ! Quel
artiste !… Quel cœur ardent !… On a beaucoup
abusé de la comparaison avec les artistes du moyen
âge ; elle s'appliquerait admirablement au conteur
malicieux, à l'illustrateur, au dessinateur de lettres
qu'il a été et dont le goût a marqué toute l'époque 1900
autant que celui des Grasset et des Mucha… »
– André
Billy, 1945.