Éditions PLEIN CHANT
Marginalia



Quelques mots sur

Alfred Capus





Alfred Capus, par Sem, en 1902




     Ancien élève de l’École des Mines qu’il quitta en cours de route, Alfred Capus commença par collaborer en 1882 au Clairon, où il signait parfois Canalis. Né à Aix-en-Provence, mais ayant fait ses études à Paris, arpentant quotidiennement les boulevards, de la Madeleine au faubourg Montmartre, il devint un boulevardier par l’esprit, presqu’à l’égal d’Aurélien Scholl. En 1883, il écrit dans les Grimaces d’Octave Mirbeau — durée de vie : six mois , puis devient journaliste reconnu en entrant au Gaulois, où il renonce à toute prise de position politique : se moquer, oui, s’engager, non. Au Gaulois, il signe des petites fantaisies écrites avec Étienne Grosclaude,  Dupuis et Cotonnet. On le trouve ensuite à l’Écho de Paris, où il signe Graindorge des dialogues humoristiques, puis  dans tous les journaux ou presque : La Revue Bleue, L’Illustration, Le Gaulois du dimanche, Le Soleil du dimanche, etc., donnant de courtes contributions pleines de fantaisie et sans fiel. En 1894 on le voit rédacteur au Figaro, tenant des rubriques telles que « Au jour le jour » et, de 1911 à 1914, « Courrier de Paris ». Lorsque Monsieur veut rire paraît, il a derrière lui deux romans, Qui perd gagne (1890), Faux départ (1891), et il en publiera un troisième de même genre en 1895, Années d’aventures — tous édités par Paul Ollendorff. Les trois livres racontent les aventures et mésaventures de jeunes gens pauvres, sortis de l’Université sans diplôme ou n’ayant trouvé aucun emploi — cela vers 1890, déjà ! Les lecteurs négligèrent plus ou moins les romans, mais Capus éveilla quelque peu l’intérêt de ses contemporains avec Brignol et sa fille, une comédie représentée au Vaudeville, le 23 novembre 1894, inspirée de Qui perd gagne. En collaboration avec Alphonse Allais il écrit une pièce, Innocent ! représentée aux Nouveautés en 1896 mais sans succès (29 représentations), peut-être parce que l’affaire Dreyfus, qui l’avait déclenchée, n’excitait pas encore les foules ; Alphonse Allais en tirera L’Affaire Baliveau, devenue ensuite L’Affaire Blaireau (1899). Capus est enfin lancé avec Tom, Petites folles, Rosine, trois pièces datant de 1897. Suivront Mariage bourgeois (1898, Gymnase), Les maris de Léontine (1900, Nouveautés), La bourse ou la vie (1900, Gymnase) et un grand succès, La Veine, une comédie issue de Qui perd gagne, jouée par Jeanne Granier et Lucien Guitry aux Variétés à partir du 2 avril 1901. Trois semaines après La Veine, apparaît sur scène La petite fonctionnaire (Nouveautés, 25 avril 1901), une comédie imprimée en 1904 dont sera tirée en 1921 une comédie musicale en 3 actes, écrite en collaboration avec Xavier Roux, musique par André Messager, représentée à Mogador, le 14 mai 1921. Rédacteur en chef du Figaro avec Robert de Flers en 1914, après l'assassinat de Georges Calmette, Capus est élu la même année à l’Académie française, reçu en 1917. Après avoir été renvoyé du Figaro en 1920, il reviendra deux ans plus tard au journal par la grande porte, devenu directeur politique, aux côtés du directeur littéraire, Robert de Flers. Il mourra de la fièvre typhoïde le 1er novembre 1922.

     En guise d’oraison funèbre, un jugement en
1940, rapporté et partagé par Léautaud : « Hérold parle alors de ce théâtre de Donnay, de Capus, si célèbre, si brillant, si goûté alors et qui ne dit plus rien aujourd’hui » (P. Léautaud, Journal littéraire, 30 avril 1940, Mercure de France, 1985, t. III, p. 34). Les quelques romans et les nombreuses pièces de théâtre de boulevard que l’on s’est abstenu de mentionner sont tombés dans l’oubli, certes, mais la lecture de « Un repas en 1900 » montre qu’à petite dose Alfred Capus peut encore plaire, au moins par quelques nouvelles.

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