TU PENSES J'ŒUVRE |
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Le typographe Jean-Claude
Motteroz, qui avait commencé à travailler dès l'âge
de 8 ans, exerça
tous les métiers manuels ou presque, d'estampeur à
maçon, en passant par la serrurerie et peu de temps
— il se rattrapera plus tard — par la
typographie, où on le vit compositeur
typographe. Après quelques autres métiers, il se
consacra à la seule typographie. Compositeur à
Saint-Étienne, puis à Lyon, lithographe à Paris,
presssier à Dijon, il s'installa à Paris et devint
chef conducteur chez Gauthier-Villars, chez Jules
Claye, dans d'autres imprimeries encore. En 1863, il fonde, avec Gabriel
Charavay, L'Imprimerie, journal
de la typographie, de la lithographie et des
arts accessoires,
où il publiera d'importants articles. En 1873, Hippolyte
Marinoni (1823-1904),
inventeur de machines à imprimer, plus tard patron du Petit Journal,
fait appel à lui pour perfectionner sa
nouvelle machine rotative à papier sans fin. Il va
l'aider à créer sa première imprimerie, installée
d'abord rue Visconti, avec un atelier d'héliographie
pour les
reproductions de textes, dessins et
manuscrits, déménagée rue du Dragon, puis 54 bis rue du
Four.
En 1877, peut-être avant, il imprime sa marque.
Se donnant la devise : TU PENSES J'ŒUVRE, Claude Motteroz se plaçait, à juste titre, sur un plan d'égalité avec les auteurs, construisant une page comme un écrivain construit un paragraphe ou un chapitre de roman, jouant avec le matériel typographique comme un auteur joue avec les mots. Un écrivain se reconnaît à son style, on reconnaissait Motteroz à ses initiales, ses vignettes, à des accolements fantaisistes de caractères ; il avait aussi, en 1881, inventé un caractère de labeur en transformant le trop classique Didot. Influencé dans sa jeunesse par la typographie romantique, il garda toute sa vie le goût d'une ornementation florissante. Imprimeur de livres, il ne dédaigna pas d'imprimer des catalogues pour les premiers magasins de nouveautés, La Ville de Saint-Denis, Le Petit Saint-Thomas, Le Printemps. Timide encore dans l'impression de ces catalogues, il affirmera sa personnalité lorsqu'il imprimera des publicités pour Marinoni, Hetzel, pour les Imprimeries-Librairies réunies. Son élève, le typographe Francis Thibaudeau (1860-1925) admirait son art de faire parler des papiers qui, en effet, devaient s'imposer pour être efficaces : annonces, catalogues, circulaires, prospectus. On emprunte la conclusion à l'article de Francis Thibaudeau, Motteroz le Typographe (Annuaire graphique 1910-1911), qui fut à l'origine de ces quelques lignes sur Motteroz : « Cet homme bon, ce grand honnête homme, après avoir connu l’aisance, retomba […] à l’état d’extrême pauvreté ; il dut cette catastrophe à un excès de probité commerciale qui honore sa mémoire mais dont on trouverait peu d’exemples […] tout ce qu’il lui avait été permis de conserver comme livres et mobilier fut dispersé au hasard des enchères. » |
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Note
1. Claude Motteroz fut l'un des imprimeurs d'Isidore Liseux. Quelques pages lui
sont consacrées dans Paule
Adamy, Isidore Liseux 1835-1894
Un grand "petit
éditeur", Bassac,
Plein Chant, 2009. |