Les girouettes auteurs du
Dictionnaire des Girouettes paru en 1815
étaient Alexis
Eymery (1774-1854), Pierre Joseph Charrin
(1784-1863), chansonnier, Joseph Tastu, imprimeur
et éditeur, René Perin (1774-1858), éditeur et
écrivain, César de Proisy d'Eppe (1788-1816).
Parmi les girouettes qui tournaient au vent on a
choisi Ducray-Duminil, auteur prolifique dont le
livre le plus célèbre fut, peut-être, Cœlina, ou L'enfant du
mystère (Paris, Le Prieur, an VII
[1798-1799]) en 6 volumes, et l'imprimeur
éditeur Joseph
Tastu (1787-1849), qui
détenait le privilège de l'Almanach royal.
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(Légende
de la gravure : Si la peste donnait des
pensions, la peste trouverait encore des
flatteurs et des serviteurs… (Saahdi)
DICTIONNAIRE DES GIROUETTES
ou
Nos contemporains peints d'après eux-mêmes ;
Ouvrage dans
lequel sont rapportés les discours,
proclamations, extraits d’ouvrages
écrits sous les gouvernemens qui ont
eu lieu en France depuis vingt-cinq
ans ; et les places, faveurs et
titres qu’ont obtenus dans les
différentes circonstances les
hommes d’État, gens de lettres,
généraux, artistes, sénateurs,
chansonniers, évêques, préfets,
journalistes, ministres, etc.,
etc., etc. ;
PAR
UNE SOCIÉTÉ DE GIROUETTES.
Orné
d’une gravure allégorique.
Verba volant,
scripta manent.
Paris.
Alexis Eymery, Libraire
Rue Mazarine, N° 30.
1815.
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Page 135
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DUMINIL (Ducray). Fastidieux
auteur d’une multitude de romans qui
semblent outrager la langue et l’esprit
comme par émulation. Voici un échantillon
de la poésie de M. Ducray.
LA JOIE DU PEUPLE
V’LA donc nos souhaits
accomplis ;
Tous nos vœux sont dont
remplis !
Aux yeux des Français
réjouis
L’sort donne au grand
homme,
Un fils, roi de Rome ;
I’n’peut avoir que
d’heureux ans,
Car i’naît avec le
printemps !
[…]
D’Napoléon chacun disait
Qu’il savait ben c’qu’il
faisait ;
C’était un garçon qu’il
voulait.
Un garçon d’la France
Comble l’espérance,
Et qui n’aura jamais peur,
non ;
Il naît au bruit du
canon !
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(Hommages
poétiques à
LL. MM. II. et RR., à
l’occasion de la naissance de
S.M. le roi de Rome. Tome 2.)
L’Hermitage
Saint-Jacques, ou Dieu, le roi et la
patrie, roman ; 4 volumes
in-12 avec cette épigraphe, qui fera
voir qu’il s'en faut de beaucoup qu’il
soit écrit dans l’esprit des vers
précédens.
J’ai le prix de
mes soins,
Et du sang des Bourbons
je n’attendais pas moins.
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Page 404
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TESTU. Le sieur Testu
et compagnie, imprimeurs et libraires, rue
Haute-Feuille, n° 13, est, comme on
sait, l’éditeur de cet ouvrage volumineux
qui, au dire de Fontenelle, est celui qui
contient le plus de vérités. Rien n’est
admirable comme l’empressement que le sieur
Testu mettait à venir, en habit de cour, le
chapeau sous le bras et l’épée au côté,
présenter humblement à S.M. l’empereur et
roi, au commencement de chaque année, son Almanach
impérial, doré sur tranche, et revêtu,
comme l’éditeur, d’un habit pompeux qu’il ne
prenait que pour la circonstance ; car
Dieu sait si les almanachs du sieur Testu
valent la peine d’être habillés d’un riche
maroquin, voire même ceux de la
république !
Le
lendemain de cette visite annuelle, on
annonçait dans tous les journaux quotidiens,
que le sieur Testu avait eu l’honneur de
présenter à S.M. un exemplaire de son almanach.
Le
roi survient : le sieur Testu, qui
n’avait pu disposer son édition de 1814
conformément aux événemens de mai de ladite
année, endossa son certain habit français
qui lui avait déjà servi en pareilles
circonstances, et présenta à S.M. le roi de
France et de Navarre, son nouvel almanach,
le seul qui ait paru en France, sous le
titre d’Almanach royal, depuis la fin
du 18e
siècle ; almanach unique,
puisqu’il n’y en a eu qu’un. (Voyez
l’avertissement de l’Almanach royal,
qui instruit les acheteurs des opinions
politiques du sieur Testu.) Nous attendons
le sieur Testu au mois de janvier prochain,
lui qui sans doute avait déjà pris note de
toutes les nouvelles nominations de S.M.
Elboise, préparé de nouvelles formes, brisé
celles qui avaient servi, etc. Ne voilà-t-il
pas le sieur Testu devenu, grâce à notre Dictionnaire,
une espèce de personnage !
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