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Sensibilisé par le titre, par le
calembour initial, par les mots « pointe »
et « gai », on pressent que le baron de la
Pointe et le Docteur Eugène Le Gai n’existaient
pas vraiment. Et en effet, les deux noms renvoyaient
au libraire-éditeur François-Lubin Passard, né en
1817, mort à une date inconnue, qui exerçait 7, rue des Grands-Augustins.
Précisons cependant que le pseudonyme Le Gai
avait été utilisé auparavant par le bibliophile
Pierre-Alexandre Gratet-Duplessis (1792- 21 mai 1853), un temps recteur
d’académie, qui fit paraître chez notre Passard un
assez grand nombre de livres amusants de format in-32, signés Hilaire
Le Gai, tel en 1848,
Un million de bêtises et de traits d’esprit, bons
contes, bons mots, bouffonneries, calembourgs,
facéties anciennes et modernes, parades de Bobêche,
etc., recueillies [sic] par Hilaire Le
Gai. Commentaire de Quérard qui le cite avec un
deuxième du même genre dans les Supercheries
littéraires : « Ces deux petits
volumes ont été recueillis par un homme d’esprit
auquel on ne doit que des ouvrages graves ». Il y
eut encore et entre autres Petite bibliothèque de
voyages amusants, Chapelle et Bachaumont,
Racine, La Fontaine, Piron, Le Franc de Pompignan, De
Paris à St-Cloud avec le retour, Voltaire, Desmahis,
etc., etc., publiée par Hilaire Le Gai (Paris,
Passard, 1852). Gratet-Duplessis avait préparé
une édition des Maximes de La Rochefoucauld,
destinée à paraître dans la Bibliothèque elzévirienne
de Pierre Jannet. Elle parut, mais posthume, l’année
de sa mort, en septembre 1853 :
Réflexions, sentences et maximes morales de
La Rochefoucauld, nouvelle édition… par G.
Duplessis, avec une Préface par C.-A. Sainte-Beuve.
Dans un appendice fut ajoutée une notice nécrologique,
par Sainte-Beuve, où il était question (p. 317) du pseudonyme Le Gai
et de Passard, non nommé : « M. Duplessis,
pour obliger un éditeur de sa connaissance, a mis la
main à quantité de petits recueils très bien faits,
très agréablement assortis et honnêtement récréatifs,
publiés la plupart sous le pseudonyme d’Hilaire le
Gai. » Nul doute que pour le Dictionnaire des
calembours, Passard aura puisé dans les papiers
de Gratet-Duplessis, reconnaissant à moitié sa dette
en transformant Hilaire Le Gai en Dr
Eugène Le Gai.
N. B. Les notes, dans les
extraits ci-dessous,
ont été ajoutées par nous. |
A
ATOUT
CENT ANS
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NOTES
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