"Mon rire où se marient le Jaune et la
nervosité" (Boobook)
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Boobook serait le nom d'une chouette
chevêche d'Australie, Bobok
est le titre d'une nouvelle de Dostoïevski; bobok, un mot pour
dire bébé en
kirghize, signale Michel Ohl, qui rappelle encore
Garçon! un bock!..,
la nouvelle de Maupassant parue au Gil Blas du 1er janvier 1884, puis
recueillie dans Miss
Harriet. De bobok à boobook il ne faut
qu'un o pour
faire penser à un livre, bien que le bock demandé au
café par le héros déchu de Maupassant, un bock de bière,
n'ait rien à voir avec les livres ni avec l'eau. Qu'on
en juge:
«J'avais vu l'autre face des choses, la mauvaise ; je n'ai plus aperçu la bonne depuis ce jour-là. Que s'est-il passé dans mon esprit ? Quel phénomène étrange m'a retourné les idées ? Je l'ignore. Mais je n'ai plus eu de goût pour rien, envie de rien, d'amour pour personne, de désir quelconque, d'ambition ou d'espérance. Et j'aperçois toujours ma pauvre mère, par terre, dans l'allée, tandis que mon père l'assommait. - Maman est morte après quelques années. Mon père vit encore. Je ne l'ai pas revu. - Garçon, un bock!…» Et Michel Ohl? On s'étonne que Boobook, ce livre de format minuscule - une sorte d'exploit accompli par l'imrprimeur - mais bien réel, soit à ce point lourd de substance et double, car derrière les jeux de mots et les divers calembours se cache l'horreur. La vie étant ce qu'elle est, la mort pouvant littéralement nous couper le souffle à chaque instant, le livre s'achève sur quoi? rien, non, pire, un manque, une défaillance, un trou… … et le lecteur est invité à compléter le dernier mot inachevé, un verbe qui rime à mourir. |