Henri
Beauclair, moins connu que Gabriel Vicaire avec qui il
avait écrit Les Déliquescences
d'Adoré Floupette,
fut caricaturé en mots par L.-G. Mostrailles, soit Léo
Trézenik et Georges Rall, et photographié par Émile
Cohl. Il apparaissait aux côtés de Laurent Tailhade,
Verlaine, Léon Cladel et quelques autres dans Têtes de Pipes,
paru chez Léon Vanier, Éditeur des Modernes, en 1885,
et publié une nouvelle fois en 1991 par Le Bossu
Bitor, Éditeur des Anciens, réimprimé à 200
exemplaires, évidemment le 1er
avril, par Plein Chant à Bassac en Charente.
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Henri Beauclair dans T ê t e s d e P i p e s |
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Triolettiste normand. Élève et
seul successeur de Léon Valade… Valade qu'il remplace
d'ailleurs dans les diverses feuilles où l'on cultive
encore le triolet littéraire, politique, ou simplement
fantaisiste et d'actualité.
Comme normand, c'est un fumiste
matois. Comme triolettiste, il excelle dans le pastiche.
A tâté de tout, pour arriver à pas
grand chose. Fut successivement: Élève en pharmacie, Clerc
de notaire, Fabricant de draps, Directeur d'une usine de
teinture, Marchand de bœuf, Marin, Comédien (Il joua les
Lassouche, dans des tournées en province, sous l'anagramme
de Clairbeau, de l'Odéon), Poète lyrique aussi - mais il
ne l'avoue que difficilement et avec la honte qui
convient; enfin journaliste, puisqu'il remplit aujourd'hui
à la Petite Presse
- après avoir chroniquaillé à la Patrie, où Norès le remplace (oh!
celui-ci après celui-là!) - les fonctions obscures de
secrétaire de rédaction, c'est -à-dire d'unique rédacteur,
anonyme et économique.
Quelle odyssée! aboutissant à quelle chûte!*
Beauclair a publié l'Eternelle Chanson,
des triolets dont Vanier seul et l'imprimeur qui,
peut-être, a lu les épreuves, soupçonnent l'existence; car
ce titre orguebarbaresque a mis l'acheteur en garde.
Encouragé par cet essai, Beauclair
prépare (il l'affirme) la publication d'une nouvelle
œuvre: les Horizontales
qui doivent paraître
irrévocablement
le 15 novembre 1883. Oui, vous avez bien lu,
quatre-vingt-trois. Et on - j'entends Beauclair lui-même -
et on attend toujours ces Horizontales-Fantômes.
Les éditeur sont froids, vous comprenez. *
Cependant Beauclair, en collaboration
avec Gabriel Vicaire, a secoué les petits clans
littéraires et galvanisé un moment la grande presse en
lançant les Déliquescences
d'Adoré Floupette, poète décadent. Mais les artistes
sincères estiment qu'un succès d'aussi mauvais aloi
compromet définitivement le pennifère qui s'y expose.
Les
Déliquescences? Les parodies? De la farce, du
funambulisme, du Clairbeau, enfin, mais de l'Art, non.
Et voilà Beauclair jugé et
condamné. C'est un simple Fusier de la Littérature.
Qu'il n'essaye pas, surtout, de sortir de là.
*
Par exemple, et malgré mon formel
désir de lui être désagréable, il est un mérite très rare,
une gloire véritable, que je ne saurais lui contester.
Comme François Coppée (de l'Académie
française), comme Émile Zola, comme Alexandre Dumas fils,
Henri Beauclair n'est pas Bachelier.
Et, dirait Caze, ce n'est pas rien,
cela, par le temps de pionisme qui court.
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