Éditions PLEIN CHANT

Marginalia


La Fontaine, Fables, livre I, fable 15

LA MORT ET LE MAL-HEUREUX






Un Mal-heureux appeloit tous les jours
            La mort à son secours.
O mort, luy disoit-il, que tu me sembles belle !
Vien viste, vien finir ma fortune cruelle.


La Mort crut en venant l'obliger en effet.
Elle frape à sa porte, elle entre, elle se montre.
Que vois-je ! cria-t-il, ostez-moy cet objet ;
       Qu'il est hideux ! que sa rencontre
       Me cause d'horreur et d'effroy !
N'approche pas, ô mort ô mort, retire-toy.

       Mecenas fut un galand homme :
Il a dit quelque part. Qu'on me rende impotent,
Cu de jatte, gouteux, manchot, pourveu qu'en somme
Je vive, c'est assez, je suis plus que content.
Ne vien jamais, ô mort, on t'en dit tout autant.



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