Éditions PLEIN CHANT

Marginalia


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L'Art de parvenir









« Cultivez, croyez-moi, la science des nombres,
Le talent du comptable et l’art des bordereaux.
Aujourd’hui toute gloire émane des bureaux.
 (…)
 
On vous l’a dit cent fois, et je l’ai dit moi-même,
Honorez dans les grands la puissance suprême ;
Flattez même sans art, leurs désirs et leurs goûts.
De leurs nobles affronts cependant vengez-vous.
Rendez donc, et surtout rendez avec usure
À vos inférieurs le dédain et l’injure.
(…)
 
De vos subordonnés faites un heureux choix.
Qu’ils soient intelligens et simples à la fois,
Façonnés au travail et formés à la peine.
(…)

Recherchez pour appui ce sexe au teint de rose,
Auquel il est si doux de devoir quelque chose.
(…)
 
Soyez homme du monde, agréable et poli.
Se montrer singulier, c’est condamner les autres.
Partagez leurs travers, ils oublieront les vôtres. »

(&c.)


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Qui a prodigué ces conseils ?

Emmanuel Louis Nicolas Viollet-le-Duc (1781-1857), dans L'Art de parvenir, poëme en un chant (Paris, chez les marchands de nouveautés, 1817).

Il va sans dire que ce poëme de 33 pages était une satire, comme nous en avertissait la référence à Horace de l'épigraphe, empruntée à  la cinquième satire (livre 2):

Quando pauperiem missis ambagibus horres,
Accipe, qua ratione queas ditescere.

Traduction en un alexandrin complet et un hémistiche par Pierre Daru (1816) :

Franchement tu frémis de la misère; eh bien !
Apprends à t'enrichir.

Au cas où le lecteur n'aurait pas compris que Viollet-le-Duc satirisait, deux vers de la fin de L'Art de parvenir mettaient les points sur les i:
 
Songez surtout, songez que je vous parle grec,
Si vous ne joignez point l’esprit froid au cœur sec.


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E.-L.-N. Viollet-le-DucArchives de Marginalia |Accueil