- Et moi, et moi?
- Prends et lis.

Libraire, fils et frère de libraire, connaissant la cuisine littéraire, Alexandre Baudouin, auteur anonyme du Dictionnaire des gens du monde, aurait pu être, en 1818, le champion du copier-coller. Etienne de Jouy avait connu le succès avec la série éditée sous  le pseudonyme de l’Hermite de la Chaussée-d’Antin, si bien que Baudouin se présenta en Jeune Hermite. Jouy, exploitant le filon de L’Hermite, avait ensuite publié L’Hermite de la Guiane où il ébauchait un Dictionnaire des gens du grand monde: Baudouin y puisa, comme dans d'autres livres, chez d’autres auteurs. Son éclectisme en matière d’emprunts, qu'au premier abord on lui reprocherait, est devenu, presque deux siècles plus tard, un atout: Baudouin nous permet de connaître des auteurs que sans lui ou ignorerait - ainsi Cousin d’Avallon, Sallentin dit de l’Oise - ou que l'on aurait oubliés, tel, justement, Jouy. Alexandre Baudouin, maître d’œuvre de ce livre, sinon auteur à temps plein, annonce le Dictionnaire des idées reçues dans la mesure où, comme Flaubert, il  a voulu  amuser ses lecteurs, mais par le bais de la critique. Ce livre publié sous Louis XVIII eut du succès en son temps, il mérite d’être lu ou relu, à la fois pour lui-même et pour ce qu’il nous apprend sur l’univers intellectuel des libéraux modérés de la Restauration.