Ci-dessous un extrait d'extrait, celui que l'on peut
lire dans ce numéro 85 de Plein Chant,
lui-même extrait d'un article de Roger Ninck (né vers
1920), paru pour la première fois dans La
coopération de production, janvier 1952.
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[…] On ne connaît guère,
pire, on ignore la vie et l'œuvre de Lucien
Bourgeois. Qui fut Lucien Bourgeois ? Un
ouvrier malheureux voué à un destin tragique qu'il a
conté en partie dans une émouvante autobiographie
publiée en 1925 : l'Ascension. Lucien
Bourgeois ? Un écrivain ouvrier méconnu dont
chaque page était « le fruit du labeur d'un
dimanche », mais un grand écrivain. La
Fortune et la Gloire sont parfois frivoles et
injustes. Elles flattent Reboul, négligent
Gilland, honorent Dabit, méprisent Bourgeois, mais
l'Histoire rectifie parfois leur jugement.
« Dans une vingtaine d'années, quand parmi
d'autres le nom de Bourgeois surgira, je suis sûr
qu'il apparaîtra comme l'un de ceux qui étaient
promis à la durée, a écrit Henry Poulaille. Et
Dabit et bien d'autres iront retrouver Reboul et
autres glorieux d'alors, dans l'oubli, tandis que
celui de Bourgeois signifiera quelque chose. C'est
un des noms-jalons de la chaîne Gilland-Lucien
Jean-Bourgeois. »
L’enfance, la jeunesse et
la vie d'homme de Lucien Bourgeois peuvent se
résumer par ces mots : travail, souffrance,
déceptions ; vie éclairée de douceur,
d'espérance et de l'amour de ses semblables ;
amour viril qui ne lui permet pas de s'illusionner
sur eux. Les hommes, il les peint tels qu'ils sont,
sans haine, de là cette impression de pessimisme que
donne Midi à quatorze heures – pessimisme que sa vie
sombre pourrait expliquer – mais Bourgeois croyait
en l'avenir des humbles et leur noirceur, qu'il
stigmatise, n'est qu'un acte d'accusation à
l'endroit de leurs tristes conditions de vie qu'il
a dépeintes dans Faubourgs. […]
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