2016 |
|
PLANUDES le Grand La Vie d'Esope, écrite en Grec par Planudes, surnommé le Grand
Voici un livre facétieux,
amusant, tant par le texte que par les gravures.
Planudes, ou plutôt Planude, un moine byzantin né
vers 1260, mort en 1310, avait collecté des fables
en prose transmises oralement et attribuées à Ésope,
dont on rappelle qu'il fut esclave, et fait précéder
ce recueil par une Vie d’Ésope plus ou moins fantaisiste, par
lui composée de bribes glanées çà et là, éditée pour
la première fois à Milan en 1478, par Bonus
Accursius, sous le titre Vita et fabulae, graece
et latine (Vie
et fables, en grec et en latin). Diverses furent au cours du
temps les versions de La Vie, pour le contenu et pour la
langue, en grec, en latin, en français. La plupart
d'entre nous ont lu cette Vie de Planude chez La Fontaine, qui
l’avait adaptée et placée en ouverture de ses Fables
choisies (1668)
sous le titre « La vie d’Ésope le
Phrygien ». Sans illusion, il écrivait dans sa
préface : « Je ne vois presque personne
qui ne tienne pour fabuleuse [la vie d’Ésope] que
Planude nous a laissée » — Nodier partagera son
sentiment, et appellera la Vie d'Ésope le « roman de
Planude » (préface des Fables de la
Fontaine,
Paris, Alexis Eymery, 1818), — mais reconnaissant ne
pouvoir en donner une autre mieux fondée, il se
résignait à raconter de façon plaisante, mais très
partielle, à sa manière inimitable, la Vie
d’Ésope selon
Planude, en omettant, précisait-il, « ce qui
m’a semblé trop puéril, ou qui s’écartait en quelque
façon de la bienséance ».
L’édition ici proposée, qui s'écarte effectivement de la bienséance, illustrée de trente bois gravés, a été réalisée à partir d’une impression populaire, Les Fables d’Ésope mises en vers françois… Dédiée à la Jeunesse (Rouen, Delalain, 1804), dont le prototype est bien antérieur. Pour en éclairer des passages obscurs, elle a été remaniée en de rares endroits d’après diverses autres éditions plus précises mais moins complètes. On y retrouvera à travers la légende les éternelles oppositions de l’intelligence et de la bêtise, de la richesse et de la pauvreté, de la force contre la faiblesse, en une suite de tableaux très vivants dont l’aspect pédagogique n’échappera à personne. Par quelle
aventure la liberté de la parole fut rendue à
Esope. |
x |