Le aitre autrement dit |
par M… |
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Et le
soleil se lève pour la première fois.
Et le premier homme se lève lui aussi, au point du jour, mais du pied gauche: malheur! Mais il a posé le pied en plein dans la merde: bonheur! Et voyez, dès le début, dès le coup de dé du début, bonheur et malheur s’équilibrent, cinquante-cinquante, fifty-fifty, et l’homme marche au but avec exactement autant de chances d’être heureux que de ne l’être point. Mais l’on peut toujours veiller au grain… voici la fin de l’homme: ci vit gît là. Et dans l’espoir d’un papier je la montre à Q…, pigiste à Sud Ouest: «Qu’a… qu’a… qu’a ta strophe… - Quoi ma strophe? Qu’est-ce qu’elle a ma strophe? - Qu’a… qu’a… qu’a ta strophe… - Elle a quoi bordel! – Qu’a… qu’a… qu’a… qu’a… - T’accouches, oui? Merde alors!» Et je le laisse à son «qu’a… qu’a…», et je réfléchis, je réfléchis, je réfléchis, et je me rends compte que oui, j’ai beau faire des pieds (de vers) et des mains (de papier), moi aussi je merdoie: «Tu merdoies, tu merdoies» me dis-je, «zyeute un peu ces nuages d’encre! t’as intérêt à te magner le cul! parce que sinon ils vont t’embrener la gueule mon con!» Et ça n’est pas le point de merde qui vous protégerait d’une pluie de merde, il faudrait un paramerde pour cela, ça ressemble au parapluie mais c’en est pas un, si vous voulez une comparaison le point de merde serait un paramerde retourné par grand vent, ainsi, guettant le chiel, redoublé-je mes pas, et, dans la foulée, d’autres alexandrins me viennent, rythmant ma course jusqu’à l’asile: Prose signifie cul, poésie vient de faire, Il n’est de poésie qu’en prose et, dès lors, quand Tu ponds tes vers tu n’es qu’inane troun de l’aire, Raccorde donc ton luth, poète inconséquent! «Du «Nocturne» de
Saint-Pol-Roux, dans Les
Reposoirs de la Procession, ce pressentiment de
ton point de merde: "J'ambule, l'œil au firmament. / Aussi
mon pas empreint son poids dedans l'excrément chu de
l'oméga des rustres qui sans gêne ou pressés furent." -
qui est somptueuse façon de fouler un étron!"» m’écrit Ziegelmeyer (2) au siècle passé – et
puis: «"Au commencement était le point" dit un chapitre du
Tsimtsoum, de
Marc-Alain Ouaknin (Cerf, 1992). Et pourquoi pas le point
de merde? Dans plus d’une tradition, Dieu chia le monde.
Ouaipf !!»
Au début et à la fin le
point, le même point, de merde évidemment. Ça commence et
ça finit comme ça: Caca,
caca. Mais caca
s’écrit aussi comme ça: çaça.
Tel est
ce livre. Tel SERA-t-il. Car à l’heure où nous
sommes il se limite au titre. Le reste est songerie. Et
l’ineffable titre, observez-le bien…: la crotte, le creux
culier, c’est pas dans l’axe on dirait? Drôle de point de
merde!
Point que d’aucuns rebaptisent joliment point d’aisances: «L’écrivain
[ici
un nom que je me sens moralement tenu d’omettre eu égard à
la notoire pudeur du dénommé] pratique le point
d’aisances, que son éditeur a représenté par un point
d’exclamation surmonté d’un oméga minuscule»
(Satan-la-toile «Google», Ponctuation non standard.)
Le
point de merde représentera le Sud-Ouest au Festival de
Saint-Point de la Saint-Alphonse, le 1er août
prochain. Ce village enchanteur de Saône-et-Loire, où
repose Lamartine (3), est à la
ponctuation comme Cannes au cinéma, ou Castelnaudary au
cassoulet. Lors des primaires régionales, le point de
merde a littéralement pulvérisé les points de vue, dont
voici la seule action notable avant la déroute:
«Regarde-moi dans les œils, lecteur, et ose me dire que je ne suis pas un type honnête et droit. , . . , . . , .» L’autre
candidat des primaires, le point d’exclamation
interrogative, ou d’interrogation admirative, s’est vu
disqualifier pour, je cite, «non-respect - voire viol - du
règlement». Il se serait inspiré «de beaucoup trop près»
(sic) du point exclarrogatif, ou interrobang, de Martin K.
Speckter (Satan-la-Toile, ibid.)
Ex. de pt d’excl. inter.
(pièce du procès en instance):
Mais je
sais que demain je tomberai en un petit coin de page de
décadent obscur, de bousingot, de branque de lettres, sur
un point de merde goguenard, le protopoint de merde, le
père de tous les points de merde, et mon nez s’enfoncera
de lui-même vous subodorez où.
Et pour finir j’hésite entre points finauds et point tu |
NOTES |
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1. «Béatitude du bousanthrope
violé» in Le
spicilège tristachyé* de Jean-Baptiste Bousmar,
Schéol, 1982, p. 60.
* tri-sta-ki-é: dont les fleurs forment trois épis. 2. Pierre
Ziegelmeyer excelle à déboulonner nos gloires nationales
pour les envoyer caguer au sous-sol. Ces «chitations»
réclament leur point de merde à grands cris âcres de
mouette stercoraire:
«S'il te plaît, dessine-moi un étron! Ah! insensé qui croit que je ne chie pas droit! Le foutu bordel de ces espaces foireux me scie les couilles. Le vent s'élève, il faut tenter de chier. Qui dort en chien de fusil n'a pas toujours intérêt à se mettre une cartouche dans le cul. Qu'importe le caleçon pourvu qu'on ait la merde. De Dieu
grosse vache
Lâcher est triste et gras, et j'ai vu tous
les gogues.La bouse se lâche Et le monde est chié. La grande gueule de l'homme est si risible qu'elle le ridiculise même dans la merde. L'homme est un sac de merde: il n'aime que ceux qui peuvent le remplir.» (Déchets d'œuvres) 3. «Ô forêt
de Saint-Point! oh! cachez mieux ma cendre!
Sous le
chêne natal de mon obscur vallon,
Que l'écho de ma vie y soit tranquille et tendre, Ah! c'est assez d'un cœur pour enfermer un nom. » Vers écrits dans la chambre de J.-J. Rousseau, 7 juin 1835. |