Vous possédez déjà la reproduction de
l'Ars bene moriendi
(vers1435?) par Plein Chant, dans la collection
Xylographies oubliées. Et aussi la réimpression de La
grande danse macabre des hommes et des femmes (1486), d'après
l'édition de Baillieu (1862). Tiré à 300 exemplaires
sur papier chandelle.
L'amateur de livres,
on se demande pourquoi, aime sinon la mort, au
moins la réflexion sur la mort; et sur le papier,
les images de la mort, tel cet ex-libris, qui fut
celui de Frédéric Lachèvre.
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Écrire
sur la mort, dessiner la mort, graver la mort,
donner à voir la mort aux vivants…
Cette danse macabre, au frontispice du deuxième tome de l'Essai historique, philosophique et pittoresque sur les danses des morts (Rouen, 1851, 2 vol.) par Eustache-Hyacinthe Langlois, mort en 1837, a une bien belle histoire. Les amis de Langlois, un peintre, dessinateur et graveur ayant vécu à Rouen, réalisèrent cette édition après sa mort, en rassemblant ses papiers. Jeune, Langlois avait écrit une légende fantastique : une comtesse cruelle avait fait promettre à son soupirant de ne jamais faire l'éloge d'aucune autre femme qu'elle. Il se parjura, la belle lui refusa une danse (il fallait que ce fût une danse), il se tua. Mal inspirée par un mécréant diabolique, la jeune femme commet un sacrilège et en meurt, foudroyée. Le lendemain, l'amoureux défunt sort de sa tombe pour forcer la comtesse morte à danser avec lui: une danse macabre s'il en fut. Ayant vieilli, Langlois fit un dessin à la plume représentant cette danse démoniaque, puis le rangea, et après sa mort, Henri Brevière le grava. *
L'idée ou l'image de la mort peut
se faire édifiante — pourquoi pas ?
« Chrétiens, contemplez ce Tableau. »
Elle peut également se faire chatoyante
et évoquer, aussi bizarre que cela paraisse, l'amour
et la vie, et de manière fort explicite, quand le mort
a gardé la puissance d'un vivant.
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1) Mathieu Mérian. La Dance des Morts telle qu'on la voit depeinte dans la celebre ville de Basle qui represente la fragilité de la vie humaine, comme dans un miroir (Berlin, Héritiers de l'Auteur, 1698). Traduction en français de l'édition de 1649. 2) Danse macabre gouachée. Dernier quart du XVIIIe siècle, par un artiste sans doute vénitien. Édition par les frères Mechel qui ont réutilisé des bois originaux de 1588. |